C’est Sous Louis XVI, roi de France – trois ans avant qu’il ne disparaisse sous « l’étendard sanglant » qu’est adopté en 1790 par l’Académie des Sciences le « mètre » de Burattini comme étant la dix millionnième partie d’un quart de méridien terrestre avant d’être accepté par la France, le 7 Avril 1795 comme mesure de longueur officielle.

Or, il faut bien mesurer la portée de cette décision royale ! En effet, jusqu’alors les longueurs étaient mesurées en référence à l’humain (le pouce, le pied, ou encore la toise – c’est-à-dire l’étendue du bras). Et comme chaque être humain est différent, on prenait souvent comme référence le roi… Ce qui signifie en d’autres termes qu’en lieu et place de l’humain idéalement mesuré selon une perspective… royale (Malkhout), le mètre passe d’une référence existentielle à l’abstraction pure parce qu’universelle ! Au point où en 1983, il fut défini par la Conférence générale des Poids et Mesures comme équivalant à la distance parcourue par la lumière dans le vide en 1/299 792 458 seconde – la vitesse de la lumière dans le vide étant la même en tout point…

A contrario – bien que nos maîtres n’aient jamais ignoré les conclusions de la pensée scientifique – « si les Sages ne nous font jamais part [dans leurs commentaires] de causes naturelles c’est, comme l’indique le Maharal, parce qu’ils s’intéressent davantage à la finalité qui gouverne ce type de déterminisme. (…) Et ce, afin de nous enseigner que par-delà toute cause naturelle à l’origine du monde des phénomènes, se tient un motif métaphysique [Siba Elokit] qui la commande », (Béer haGola, 6è Puits, page 105/a).

Ainsi, quand il est dit que Pharaon ne mesurait pas plus d’une Ama – soit six Tfa’him (c’est-à-dire, selon le ‘Hazon Ich, 60 centimètres) et inversement que Moché Rabbénou mesurait 10 Amot, soit 60 Tfa’him (ou 6 mètres !), nous devons prendre garde à ne jamais soupçonner nos Sages d’avoir fait preuve de la moindre lacune épistémologique ou d’un repli « partisan » – voire dévôt – face à la vérité ! Au contraire, quiconque agirait de la sorte se placerait en porte-à-faux avec les impératifs métaphysiques qui, parce qu’ils la commandent, élèvent notre foi. Car ce qui est visé ici à travers les unités de longueur – mais aussi dans toutes les autres proportions (chiourim) révélées au peuple juif, c’est la manière dont chaque homme vit ses propres qualités (midot) – ou celles du monde matériel – comme autant de mesures censées assurer le lien profond qui nous lie aux attributs de D.ieu Lui-même à travers Son dévoilement à partir du Ein Sof – « point de départ virtuel du processus de Création », (Salomon Benzaquen, Occurrences juives, p. 25), jusqu’à la prérogative royale (Malkhout) dont l’homme est justement responsable…

Par YEHUDA RÜCK, en partenariat avec Hamodia.fr