Le Maguid de Doubno nous indique sur quel point particulier concentrer nos efforts pendant le mois d’Eloul à l’aide d’un machal.

Un homme était tombé gravement malade. Son état empirait de jour en jour ; il s’affaiblissait de façon alarmante et rejetait tout aliment et tout liquide qu’il absorbait. Ses amis venus lui rendre visite trouvèrent le médecin à son chevet. Chacun voulut attirer l’attention du docteur sur la gravité de l’état du malade. “Il ne reconnaît plus personne !” dit l’un. “Voyez comme il a le teint jaune, son foie est certainement atteint !” dit l’autre.

Le médecin prêta patiemment l’oreille à leurs propos puis il dit : “Tout ce que vous avez dit est vrai mais vous n’avez pas mis le doigt sur le problème principal. Vous n’avez pas trouvé la cause réelle de l’état du malade. Il est dangereusement faible et souffre de tout son corps, certes ; mais le remède à sa maladie existe ! Je tiens ce médicament, là, dans ma main ! Le malheur est que le malade ne garde rien : il rend tous les remèdes qu’il absorbe. Voilà la raison pour laquelle sa vie est en danger !”

Ce machal explique ce que disent nos Sages (début du Midrach Eikha) : “Hachem a excusé les péchés d’idolâtrie, d’inceste et de meurtre mais non celui d’avoir négligé [l’étude de] la Tora.” Ceci est fort étonnant car ces trois fautes sont si graves qu’un Juif a le devoir de donner sa vie plutôt que de les transgresser. En outre, pourquoi est-il plus grave de négliger l’étude de la Tora, qui est un commandement positif, que d’enfreindre ces trois graves commandements négatifs ?

En réalité, Hachem n’excuse pas ces fautes mais Il nous en indique le remède : si l’homme étudie, il sera conscient de ses infractions (Rabbi Israël Salanter écrit qu’il faut étudier, pendant le mois d’Eloul, le troisième chapitre de Cha‘aré Techouva de Rabbénou Yona qui énumère et détaille les mitsvoth négatives et la gravité de leur transgression). Si un homme étudie, il y a espoir qu’il prenne garde et se repente. Mais s’il néglige son étude et persiste dans son ignorance, quelle chance a-t-il de sortir de sa perversion ? Sans ce remède, il anéantit tout espoir de guérison…

Ceci explique également un passage de la guemara Nedarim (81a) : “On a questionné les Sages et ils ne l’ont pas expliqué, on a interrogé les prophètes et ils ne l’ont pas expliqué jusqu’à ce que le Saint, béni soit-Il réponde Lui-même à la question : ‘Pour quelle raison le pays a-t-il été détruit ?’ Hachem dit : “Parce qu’ils ont abandonné la Tora que Je leur ai donnée !”

Ces versets ont été écrits à propos du premier Temple, détruit à cause des péchés d’idolâtrie, d’inceste et de meurtre (Yoma 9b). Et pourtant, ils nous révèlent que la raison principale de sa destruction était que l’on s’était éloigné de la Tora.

Le travail essentiel du mois d’Eloul est donc la “prise du remède”, c’est-à-dire l’investissement d’un effort soutenu dans l’étude de la Tora. Alors, nous aurons une chance de guérison et de rétablissement.

(Imré Moché, 14)

Extraits de « Paraboles sur la période d’Eloul, Roch Hachana et Yom Kippour » Compilées et rédigées par Chalom Méir Wallach
Traduction de l’hébreu : Esther Meyer
Editions Daath