« Pharaon appela Joseph Tsafenath-Pa’néa‘h, il lui donna pour femme Asnath, fille de Poti Fèra’, prêtre d’On » ( Berèchith 41, 45).

Asnath était, comme le rapporte le rabbin Elie Munk ( La voix de la Thora , vol. I p. 424 ) citant le Targoum Yonathan , la fille que Dina, fille de Jacob, avait eue de Sichem qui l’avait violentée. Plusieurs sources midrachiques (et notamment Pirkei de-Rabbi Eliézer , c. 38) donnent le récit suivant, avec quelques variantes : Lorsque la fille de Dina revint à la maison paternelle, les fils de Jacob ne purent supporter parmi eux la présence de cette fille du péché et leur attitude devint menaçante. Jacob lui fit alors une amulette portant l’inscription : Asnath, fille de Dîna, fille de Jacob. ( Asnath , dérivé de anas , fille de la violence).

Il attacha l’amulette à un collier qu’elle porta désormais à son cou et il la renvoya de sa maison. Elle partit et elle arriva en Egypte, où elle fut recueillie, en raison de sa grande beauté, dans la maison de Putiphar. Elle y fut élevée et finalement adoptée, car Putiphar était sans enfant, et on l’appela : fille de Putiphar. Joseph l’y rencontra plus tard, sans soupçonner son origine.Mais elle conçut une telle confiance en lui qu’elle alla, de sa propre initiative, convaincre Putiphar de son innocence lorsque sa mère adoptive lança contre lui ses accusations calomnieuses (39, 19). Or, quand Joseph devint vice-roi et parcourut triomphalement la ville dans son char royal, les « filles arpentaient la muraille » (49, 22) pour le voir passer dans sa gloire et elles lui lancèrent des présents dans son char. Asnath, qui n’avait rien sur elle, arracha son collier et le lui lança. Il ouvrit l’amulette, lut son nom et il sut alors qu’elle était sa nièce.

Ce fut elle qu’il choisit quand Pharaon voulut le marier. Elle devint la mère d’Ephraïm et de Manassé, et lorsque le vieux patriarche Jacob hésita à leur donner sa bénédiction avant sa mort parce qu’il éprouvait des doutes quant à leur origine, Joseph lui montra l’amulette (Cf. Rachi 48, 9). En tout état de cause, grâce à ce mariage avec la fille de Putiphar Joseph fut brillamment disculpé, aux yeux des Egyptiens, des accusations portées jadis contre lui par l’épouse de son maitre.

Haftarath Miqets (‘Hanouka) – Les « vêtements sales »

Parmi les nombreuses images contenues dans la haftara de Chabbath ‘Hanouka , figure celle qui dépeint Josué comme étant « vêtu de vêtements sales » (Zacharie 3, 3).

Josué (fils de Yehotsadaq – Voir Aggée 1, 1) était le kohen gadol appelé à officier dans le Temple qui allait être reconstruit après l’exil de Babylone.

On sait que l’un des problèmes auxquels a été confronté Ezra lorsqu’il s’est réinstallé avec les Judéens en terre d’Israël a été celui des femmes étrangères que beaucoup d’entre eux avaient épousées pendant cet exil.

Ezra obtint d’eux qu’ils s’en séparent (voir Ezra 10, 1 et suivants).

Or, Josué le kohen gadol n’avait pas été épargné de ce drame. Ses propres fils s’étaient, eux aussi, mariés avec des femmes non juives. Deux faux prophètes, Achab, fils de Kolaya, et Sédécias, fils de Masseya (Jérémie 29, 21), avaient de plus cherché à le dévoyer. Celui-ci, qui avait été jeté par Nabuchodonosor dans une fournaise ardente, en a été sauvé miraculeusement (d’où l’expression au verset 2 : « un tison sauvé du feu »).

Il n’en était pas moins resté « vêtu de vêtements sales », et ce pour n’avoir pas exercé son influence sur ses enfants, ainsi qu’il est indiqué dans Ezra 10, 18 : « Il s’en trouva, parmi les fils des kohanim , qui avaient pris des femmes étrangères : des fils de Yèchoua, fils de Yotsadaq, et de ses frères : Maassiya, et Eliézer, et Yariv, et Guedalia. »

JACQUES KOHN zal