Il est écrit dans la parachat Michpatim que l’on doit décider selon la majorité (Chemoth 23, 2). Ne devrions-nous pas, à ce compte-là, nous qui sommes une infime minorité, nous plier à la majorité, celle des peuples du monde ?
Cette même question a été posée un jour par un païen à rabbi Yehochou‘a ben Qor‘ha, et celui-ci lui a répondu ce qui suit :
Il est écrit : « Esaü prit ses femmes et ses fils et ses filles et tous les gens de sa maison ( nafchoth beito [au pluriel] ) … » ( Berèchith 36, 6), soit six personnes.
La famille de Jacob, en revanche, comptait soixante-dix âmes à son arrivée en Egypte, et pourtant la Tora emploie à leur sujet le mot néfèch au singulier ( Chemoth 1, 5).
La raison en est qu’Esaü adorait de nombreuses divinités, tandis que Jacob révérait une Divinité Unique. Il est vrai que les peuples du monde constituent une immense majorité ( nefachoth au pluriel) et que nous sommes nous-mêmes peu nombreux. Eux pratiquent l’idolâtrie. Mais nous, qui sommes tous unis ( kol néfèch ) dans l’adoration d’une Divinité Unique, c’est nous qui sommes la majorité, et eux la minorité » ( Wayiqra rabba 4, 6).

Jacques Kohn Zal