On peut lire dans le Midrach : « Le Saint béni soit-Il dit à l’homme : Ta bougie est entre Mes mains, et Ma bougie est entre les tiennes. Il est écrit d’une part : ‘La bougie de l’Eternel, c’est l’âme de l’homme’ (Proverbes 20) et d’autre part : ‘Pour y élever une bougie en permanence’ (Vaykra 24, 2). D.ieu dit : Si vous allumez Ma bougie, J’allumerai Moi aussi la vôtre. »

Dans un autre passage, le Midrach apporte quelques précisions supplémentaires à ce sujet, notamment en désignant « l’accord » conclu entre D.ieu et les hommes comme une condition incontournable :
« Il est écrit : ‘La bougie de l’Eternel, c’est l’âme de l’homme’ et il est dit au sujet de la Torah : ‘Les préceptes sont une bougie, et la Torah en est la lumière’ (Proverbes ibid.). D.ieu dit à l’homme : Ta bougie est entre Mes mains, et la Mienne est entre les tiennes.
Ma bougie est entre Tes mains – il s’agit de la Torah ;
Ta bougie est entre Mes mains – il s’agit de l’âme.
Si tu observes Ma bougie, Je garderai la tienne, mais si tu éteins Ma bougie, J’éteindrai la tienne. D’où le savons-nous ? Du verset qui dit : ‘Garde-toi et prends scrupuleusement soin de ton âme…’ »
Le Sfat Emet explique le sens de ces textes de la manière suivante : « ‘La bougie de D.ieu’ signifie que l’Administration divine ici-bas transite par le biais de l’âme humaine. Et en fonction de leurs actes, les hommes suscitent l’attention que leur porte le Créateur et Sa manifestation ici-bas. Or, il existe deux qualités d’obscurité : la première est celle formée par le mauvais penchant et les forces du mal. Cette obscurité véritable peut être repoussée par l’accomplissement des mitsvot, et c’est à ce sujet qu’il est dit : ‘C’est comme si l’homme allumait une bougie devant D.ieu’ – c’est-à-dire qu’il crée un emplacement où la Chékhina pourra venir résider. C’est ainsi que par ses actes, l’homme permet à son âme, elle-même appelée ‘bougie’, de vivre (…) Par ailleurs, la lumière céleste est également désignée par ‘obscurité’ car comme l’expliquent les grands ouvrages, nous l’appelons ainsi du fait que cette lumière dépasse notre entendement. Par conséquent, plus l’homme éclaire le monde matériel par les bougies des mitsvot, plus il attirera sur son âme une lumière issue de la Lumière suprême. »
Il apparaît donc que le rapprochement établi entre l’homme et la bougie s’exprime à deux niveaux principaux : il y a d’une part le corps même de la bougie, composé de graisse ou de cire, sans lequel la flamme ne pourrait se maintenir dans notre monde matériel. Et d’autre part, la flamme, qui est toujours dirigée vers le ciel, évoque l’aspect spirituel de l’homme, c’est-à-dire son âme. A l’image de la bougie, la nature humaine est également composée d’un socle matériel, sans lequel l’existence sur terre serait impossible, mais surtout d’une âme d’origine divine, qui puise continuellement ses forces de sa Source céleste.
Voici comment le Maharal de Prague envisage ce thème pour sa part : « Les Justes sont dotés d’une âme pure, appelée ‘bougie’ comme il est écrit : ‘La bougie de l’Eternel, c’est l’âme de l’homme’. Or, l’âme constitue la lumière qui inonde le corps depuis les Cieux, et elle le domine entièrement. Et bien que le corps ait une disposition particulière pour accueillir l’âme, il n’est néanmoins pas plus qu’un réceptacle dans lequel on dépose l’huile et la mèche, auxquelles la flamme pourra se rattacher. De même pour le corps : bien qu’il possède une force spécifique capable d’accueillir l’âme, il n’est cependant qu’un réceptacle » (Ner Mitsva p.25)
Allant plus loin dans cette comparaison, le Maharal ajoute ailleurs (Nétivot Olam I, 15) : « La bougie possède deux propriétés : d’une part, la flamme s’attache au corps même de la mèche, et d’autre part, la lumière émanant d’elle n’est pas palpable. L’âme possède également ces deux propriétés : d’une part, elle est rattachée au corps humain et en cela, elle est liée à la matière. Mais elle appartient également au spirituel, en cela qu’elle est immatérielle. C’est la raison pour laquelle l’âme est comparée à une bougie. Et de même pour les mitsvot : d’une part, dans la mesure où elles sont accomplies par l’action concrète de l’homme, elles ont une attache à la réalité matérielle mais d’un autre côté, le fait qu’elles soient d’origine divine leur confère une réalité spirituelle… »
Un autre rapprochement entre la bougie et la nature humaine est mise en évidence par l’auteur du Akédat Its’hak (part. IV chap. 35) : « De la même manière qu’après qu’on éteint une mèche, celle-ci se rallumera la fois suivante plus facilement que la première fois, en raison de l’empreinte laissée par le feu, il en va de même pour la lumière de l’âme : après qu’elle aura quitté le corps, elle pourra y revenir plus aisément que lors de la conception grâce à l’empreinte qu’elle lui aura laissée, ce qui arrivera le jour où la Sagesse divine l’aura décidé. Or, comme ce phénomène paraît extrêmement éloigné des lois de la nature, c’est pourquoi nos Sages instaurèrent de l’évoquer dans la bénédiction relative à la puissance du Créateur, en disant : ‘Tu es puissant à jamais, Eternel, Tu ressuscites les morts…’ »
C’est donc ainsi qu’apparaît « l’allumage des bougies » du Créateur, et c’est dans le même esprit que nous devons également, chaque veille de Chabbat, allumer des bougies dans tous nos foyers. Rabbi Moché Alchikh écrit en ce sens : « Il se pourrait que tel soit la signification du verset lorsqu’il dit : ‘Quand tu disposeras les lampes, c’est vis-à-vis de la face du Candélabre que les sept lampes projetteront leurs lumières.’ Autrement dit, c’est vis-à-vis du Candélabre céleste que seront allumées les sept lampes ici-bas. Le Candélabre céleste sera en effet allumé par l’effet de l’ardeur et de l’enthousiasme de l’âme lorsqu’elle accomplit cette mitsva. Et face à lui, les sept lampes d’ici-bas brilleront pour accroître les forces des Mondes célestes, afin qu’ils continuent à éclairer. »

Adapté par Y. Bendennoune à partir d’un article du rav Moché Reiss