Le livre des « Juges » partie XX

Gédéon – cinquième partie

Le rêve de la galette d’orge

 

Ce rêve est l’annonce de la victoire éclatante que Gédéon a remportée sur les Midianites. Nous consacrerons à cette victoire le prochain chapitre

A la veille d’engager le combat, Gédéon alla inspecter le camp des Midianites et de leurs alliés, installé dans la vallée. C’est alors qu’il surprit une conversation entre deux soldats ennemis : « J’ai fait un rêve, disait l’un, et voici qu’une galette de pain d’orge roulait dans le camp de Midian. Elle arriva jusqu’à la tente et la heurta, la faisant tomber. » Et son camarade de lui répondre : « Cette galette n’est rien d’autre que l’épée de Gédéon, fils de Yoach, dans les mains duquel Hachem a livré notre camp » (7, 13 et 14).

« Lorsque Gédéon, poursuit le texte, entendit le récit du songe et son interprétation, il se prosterna. Il retourna au camp d’Israël, et dit : “Levez-vous, car Hachem vous a livré le camp de Midian !” » (7, 15).

On sait que l’orge, s’il fait partie des sept espèces végétales qui caractérisent Erets Yisrael (Devarim 8, 8), en est également la plus grossière, au point qu’il est considéré comme une « nourriture pour les animaux » (I Rois 5, 8 ; voir aussi Sota 9a).

On peut donc imaginer que cette céréale symbolisait, aux yeux des Midianites, les Hébreux victimes de leurs exactions et réduits à ne pouvoir manger que cet aliment.

Le Midrach nous propose une autre interprétation : On sait que l’oblation du ‘omèr est confectionnée avec de l’orge (Rachi ad Wayiqra 23, 10). Or, Rabbi Avahou a enseigné au nom de Rabbi Simone, lequel le tenait de Rabbi Yehochoua’ ben Lévi : C’est le mérite du ‘omèr offert [par les enfants d’Israël] à l’époque de Gédéon [qui leur a valu le salut], comme il est écrit : « Gédéon arriva, et voici qu’un homme racontait un songe à son camarade […] et voici une galette (tselil) d’orge… » (7, 13). Que signifie le mot tselil ? Les rabbins ont enseigné que cette génération était tsaloul (« nette »), car elle était « nettoyée » [vidée] de Justes. C’est par le mérite de ce tselil d’orge qu’ils ont été sauvés, à savoir par la mitswa du ‘omèr (Wayiqra Rabba 28).

A suivre…

Jacques KOHN Zal