Malgré les nombreuses plaies qui s’abattent en série sur l’Égypte, Pharaon s’obstine à ne pas délivrer le peuple hébreu. La Torah explique son refus par le fait que D.ieu a « endurci » son cœur. Mais alors, pourquoi mérite-t-il donc un tel châtiment puisque la voie du repentir lui est barrée par le Créateur ?

Rabbi Yaacov Galinski chlita, l’illustre maguid contemporain, nous éclaire à ce sujet à l’aide d’un récit du Talmud et d’une… parabole.

On rapporte dans le Traité talmudique ‘Haguiga (page 15/a) qu’Élicha ben Abouya s’était éloigné du chemin de la Torah, et lorsque rabbi Méїr l’incita à se repentir, il refusa en arguant qu’il s’était promené à cheval le jour de Yom Kippour, et qu’en passant derrière le site du Bet-Hamikdach, il avait soudain entendu une voix qui s’exclamait : « Repentez-vous, enfants rebelles – sauf Élicha ben Abouya, dont le repentir ne sera pas accepté ! ». Élicha ben Abouya se lança alors à la conquête de tous les plaisirs de ce monde, sachant justement qu’il était déjà banni du monde futur…
Or durant 150 ans après son décès, de la fumée s’élevait de sa tombe, attestant de la chaleur torride de l’enfer dans lequel il se trouvait… C’est alors que rabbi Yo’hanane pria pour l’élévation de son âme, et la fumée disparut. Rabbi Yaacov Galinski s’écria à ce propos : « Mais que pouvait-il faire si on lui avait déjà refusé l’entrée dans le monde du repentir… ? »
Il raconta alors la parabole suivante…
Après qu’un navire a fait naufrage en pleine mer, l’unique rescapé s’accroche avec obstination à une poutre du bateau et part à la dérive… Les heures passent : le soleil est ardent, il a très soif, et son épuisement est total. Soudain, un îlot émerge à l’horizon ! Son cœur se remplit d’espoir et il essaie désespérément de s’en approcher. Après une longue lutte contre les courants, voilà qu’il s’approche de cet îlot et qu’il n’en est plus qu’à une centaine de mètres : il aperçoit même déjà les arbres fruitiers sur lesquels des oiseaux gazouillent paisiblement… Il s’apprête à faire un ultime effort pour rejoindre la terre ferme, lorsqu’il aperçoit soudain des indigènes de l’îlot qui l’ont repéré et qui lui font de grands signes… Il n’en croit pas ses yeux, d’autant qu’ils lui font clairement savoir que les étrangers ne sont pas du tout les bienvenus et qu’il serait préférable pour lui d’aller accoster ailleurs.
Notre naufragé se trouve alors devant un terrible dilemme ! Que fera-t-il ? Doit-il rebrousser chemin vers les profondeurs de l’abîme marin infesté de requins affamés ? En fait, il est certain qu’il s’obstinera tout de même à gagner l’îlot sur lequel il espère vivement convaincre les autochtones de l’accepter, quitte à devenir leur esclave. Car il est parfaitement conscient que l’endroit où il se trouve à présent lui est sans nul espoir et qu’il n’a pas d’autre choix que de se confronter sur la terre ferme à ce refus des habitants…
« Voilà la terrible erreur commise par Élicha ben Abouya et par Pharaon, explique rabbi Yaacov Galinski. Car même si la route du repentir semble être totalement barrée, la prendre malgré tout est préférable aux abîmes du péché… »    Par C. Chalom, en partenariat avec Hamodia.fr