La paracha Terouma met en exergue la générosité des Bné Israël, qualité qui les a portés depuis la traversée du désert jusqu’à nos jours et l’on ne compte plus les récits de ‘hessed transmis de génération en génération dans les foyers juifs. En voici une …

Dans un coin du cimetière de Vilna, se trouvait la tombe d’un Juif dont la matséva (épitaphe), ne pouvait passer inaperçue : en effet, après avoir mentionné la date de naissance et de décès du défunt, figurait un verset qui pouvait porter à confusion. Et pour cause : ce verset était extrait du célèbre cantique « Echèt ‘Hayil » que l’on récite le vendredi soir : « Elle a ouvert sa main (capa) au pauvre et tendu le bras (yadéa) au nécessiteux. » (Proverbes 31, 20) Un visiteur intrigué par cette énigme voulut en connaître le sens et se rendit dans les locaux de la communauté. En consultant, le vieux registre de la ‘hévra kadicha (pompes funèbres), il trouva l’explication suivante. Le défunt en question était un mécène solitaire, qui avait reçu un héritage substantiel de ses propres parents et qui avait pris l’habitude de consacrer cet argent à la tsédaka. En dépit des mises en garde des rabbins de la ville qui l’appelaient à plus de modération, notre mécène se retrouva au bout de quelques années de donations excessives sans le moindre argent liquide. Pourtant, il ne se laissa pas raisonner et continua à donner aux plus démunis un meuble, un lustre, voire un ultime couvert… Les rabbanim en vinrent à afficher sur sa porte une interdiction formelle de sollicitation. Mais malgré cette mesure, les nécessiteux continuaient à lui rendre visite ne ressortant jamais les mains vides de son domicile. Et c’est ainsi qu’un matin un voisin venu lui apporter une maigre pitance, le découvrit sans signe de vie. Alertés, les rabbins voulurent immédiatement savoir qui avait été la dernière personne à l’avoir vu vivant. C’est alors que deux mendiants s’approchèrent, tout penauds d’avoir fait fi du décret rabbinique. Ils avouèrent aux rabbins qu’ils s’étaient rendus chez lui la veille. Il leur avait dit qu’il sentait que ses heures étaient comptées, que son rôle sur terre était terminé, car il n’avait plus rien en sa possession et n’avait plus rien à leur donner. Or, le mécène se leva soudain et les pria d’attendre un petit moment. Il revint peu après, tenant triomphalement une cuillère en or qu’il avait gardée quelque part. Il la brisa en deux, et tendit à l’un le manche, et à l’autre la cuillère… C’était sa dernière mitsva sur terre. Il fut enterré avec les plus grands égards, et il fut inscrit à juste titre sur son épitaphe : « Elle a ouvert sa main (capa) au pauvre et tendu le bras (yadéa) au nécessiteux. » En effet, capa signifie également la cuillère et yadéa signifie également le manche…

Par Chalom C.,