Eliézer met à l’épreuve la bonté de Rivka pour s’assurer qu’elle est digne d’être la femme de Its’hak. « Lorsque les chameaux eurent fini de boire, cet homme prit une boucle en or… » (Beréchit 24, 22) Rabbi ‘Haïm ben Attar remarque qu’il était superflu d’attendre que les chameaux eussent fini de boire, car cela n’était pas inclus dans les conditions d’Eliézer, selon lesquelles il suffisait qu’elle propose d’abreuver les bêtes.

Toutefois, Eliézer préféra attendre jusqu’à ce que les animaux boivent, explique le Or Hahaïm Hakadoch, pour s’assurer que Rivka accomplissait ses promesses et n’était pas de la graine de ceux qui parlent beaucoup et agissent peu. Ce n’est qu’après avoir réalisé avec intégrité ce qu’elle avait proposé, qu’elle prouva qu’elle était digne d’être une matriarche.
Rabbi Itsik’l Gevirtzman zatsal, l’illustre Admor de Pchevorsk, racontait l’histoire suivante.

Le ‘Hakham Tsvi fiança son fils avec la fille d‘un riche changeur de devises. Il devina que sous les apparences simplettes du monnayeur, se dissimulait un homme très méritant.
Une fois le chidoukh conclu, il questionna son nouveau mé’houtane, curieux de savoir quelle bonne action lui avait valu d’avoir une telle progéniture et de s’unir avec une lignée de marque. Le monnayeur lui raconta qu’un pauvre se présenta un jour à sa demeure, demandant une obole. Il ne se contenta pas de ce que le domestique lui octroya et s’entêta jusqu’à ce que le maître de maison lui-même lui donna un thaler. Peu après, le même homme se présenta à nouveau, sous un autre déguisement. Et ainsi de suite, il revint pendant quelques jours, recevant à chaque fois un thaler. Enfin, après une centaine d’apparitions, le pauvre demanda au mécène s’il l’avait reconnu. Ce dernier répondit par l’affirmative. Il n’était pas dupe, mais il avait préféré ignorer la supercherie. Il ajouta : « La Torah nous exhorte à donner et redonner, sans limites, comme il est dit : ‘Il faut lui donner, et lui donner sans que ton cœur le regrette’ (Devarim 15, 10) Et Rachi ajoute : ‘Cent fois si nécessaire’ (Baba Metsia 31a) ».
Je me suis toujours posé la question : existe-t-il un démuni qui serait gonflé au point de revenir cent fois ? Vous m’avez fourni la réponse à cette énigme… » Le pauvre dévoila alors sa véritable identité. Il n’était autre qu’Eliahou Hanavi qui avait incarné le nécessiteux afin de mettre à l’épreuve le monnayeur. Après avoir démontré son intégrité dans la vertu du ‘hessed, il eut droit, à l’instar de Rivka, de s’unir à une dynastie royale, celle du ‘Hakham Tsvi.

Par Chalom C.,