La Paracha Emor énumère en détail les fêtes juives, parmi lesquelles celle de Souccot : « Vous demeurerez dans des souccot durant sept jours ; tout citoyen en Israël demeurera sous la soucca », (Vaykra, 23, 42)

L’illustre Alchikh Hakadoch explique dans son commentaire sur la Torah ce qui semble apparaître comme une « redondance » dans ce verset. En effet, en quittant sa maison pour aller habiter dans la soucca afin d’accomplir la mitsva, chaque juif déclare que ce monde matériel n’est qu’éphémère et qu’il n’est lui-même, en tant qu’individu, que « de passage ». Ainsi, demeurons-nous dans ces cabanes pendant sept jours, chaque jour symbolisant dix années de notre vie. Toutefois, ceux qu’on appelle les « citoyens » (à savoir les tsadikim -voir à ce propos le Traité talmudique Baba Batra 15/a, où Avraham Avinou est appelé le « citoyen ») ne se contentent pas des sept jours de Souccot : l’accumulation des biens et acquisitions matériels ne les séduisent en rien, et ils demeurent toute leur vie dans une soucca !


Rabbi Yaacov Galinsky Chlita, raconte à ce propos la parabole suivante…

Vers la fin de ses jours, le célèbre Sage de Mekhnès, Rabbi Refaël Barou’h Tolédano Zatsal, vint s’installer en Israël.
Voulant accomplir la mitsva de « Yichouv bé-Eretz Israël » [s’installer sur la terre dévolue au peuple juif – Ndlr], il exprima son souhait d’acheter un appartement à Bné Brak. Ne possédant pas la somme requise, il dut avoir recours à des emprunts. Une fois ce problème financier résolu, il lui fallut encore entreprendre des travaux de rénovation. Enfin, l’appartement fut prêt et on vint lui annoncer qu’il était possible d’y emménager.
Or, à la grande surprise de sa famille, il annonça qu’il envisageait de trouver un locataire pour occuper cet appartement et d’utiliser le loyer ainsi perçu afin de financer la location de son propre domicile.
Pressé de questions par son propre entourage, il révéla même qu’il ne voulait pas s’établir dans sa propre demeure, car il avait « peur »… « Je ne veux pas habiter dans ma propre maison. Au Maroc non plus, je n’habitais pas dans ma propriété. Car j’ai peur ! ».
Constatant le grand étonnement et l’incompréhension qu’il suscitait autour de lui, il ajouta : « Je crains qu’en habitant chez moi en toute sécurité et sans nulle inquiétude de me faire congédier par le propriétaire, je risque de me sentir trop ‘enraciné’… au point d’oublier que ce monde est bel et bien provisoire ! ».

(Source : Hamodia.fr)


« Vous prendrez, le premier jour, du fruit de l’arbre ‘adar’ [cédrat], des branches de palmier, des rameaux de l’arbre ‘avot’ et des saules de rivière ; et vous vous réjouirez, en présence de l’Éternel votre D.ieu pendant sept jours », (Vayikra 23, 40)
L’Admor de Slonim, le Birkat Avraham zatsal – lequel passa sa jeunesse à Tibériade – racontait cette anecdote qui l’avait tant marqué…


Il se rendit un jour dans l’épicerie de son quartier et attendit patiemment son tour. De nombreux sacs jonchaient le sol et de chacun émanaient de subtils relents…

Il remarqua soudain, à la hauteur de ses yeux, un caillou qui se trouvait au milieu d’un sac de noix : voulant rendre service à son épicier, il s’empressa donc de l’enlever. Mais le ton bourru du commerçant le fit sursauter, et une vive remontrance lui fut adressée en ces termes : « Tu me causes du tort, car je vends les noix au kilo – telles quelles – avec les gravats qui y sont mélangés. Ton tri porte donc atteinte à mon bénéfice ! ».

L’enfant, après avoir réalisé qu’il avait  » mal agi « , voulut réparer son geste et il s’empressa de remettre le caillou dans le sac. Un rugissement le fit à nouveau sursauter : « Non, non ! Ressors donc cette pierre du sac ! S’il est vrai que la hala’ha m’autorise à vendre de la marchandise telle que je l’ai achetée avec des gravats, elle ne me permet pas pour autant d’en rajouter, une fois la marchandise triée… ».

Le Birkat Avraham n’oublia jamais cette magistrale leçon, et elle résonna pendant de longues années dans sa conscience…

On sait que les quatre espèces représentent les différentes composantes du peuple juif. L’étrog est ainsi l’emblème du tsaddik : celui qui est succulent et qui a une  » bonne odeur « . Le loulav représente celui qui a une saveur, mais pas d’odeur. Le myrte (hadass) symbolise quant à lui celui qui  » sent bon « , mais n’a pas de goût.

Enfin, le saule renvoie à ceux qui n’ont pas ni  » goût  » ni parfum… Or, si la Torah nous enjoint de prendre ces quatre espèces pour en faire un bouquet à Souccot, alors que nous nous gardons bien de mélanger des cailloux avec des fruits, c’est que le Juif le plus piètre est également un  » fruit « , bien qu’apparemment, on ne distingue chez lui avec nos yeux d’hommes qu’une épaisse écorce réfractaire à toute spiritualité.

Mais il nous incombe de décrypter son intériorité véritable et de le rapprocher de la Torah et d’Hachem !

Par Chalom C.