« Ceci est le signe de l’alliance que Je place entre Moi et vous […] pour les générations, à jamais. J’ai mis Mon arc dans le nuage ; il sera signe d’alliance entre Moi et la terre […] et les eaux ne deviendront plus un déluge… »

Après avoir mis fin au déluge et avoir enjoint de quitter l’arche aux rescapés du premier génocide de l’histoire, Hachem établit Son alliance avec Noa‘h et l’humanité « renaissante ».

Il S’engagea alors à ne plus jamais submerger la terre entière et le genre humain dont elle est porteuse, et donna pour cela un signe (Beréchith 9, 12-15) : « Ceci est le signe de l’alliance que Je place entre Moi et vous […] pour les générations, à jamais. J’ai mis Mon arc dans le nuage ; il sera signe d’alliance entre Moi et la terre […] et les eaux ne deviendront plus un déluge… ».

Rappel de cette alliance contractée après l’anéantissement de la quasi-totalité de l’humanité,l’arc-en-ciel, malgré son caractère prodigieux, n’est donc pas un « bon signe », mais un avertissement. Citant le Midrach, Rachi explique que dans l’expression « pour les générations » (ledoroth), le mot doroth est écrit sans waw car elles n’en auront pas toutes besoin, notamment celles qui compteront des justes, comme les générations du roi ‘Hizqiya et de Rabbi Chimon bar Yo‘haï, où aucun arc-en-ciel n’a été vu. Lorsqu’il apparaît, nous le regardons donc sans nous y attarder (Choul‘han ‘Aroukh) pour pouvoir prononcer la bénédiction de circonstance, tout en évitant de le montrer aux autres (‘Hayé Adam). 

Maispourquoi une telle retenue ?

L’arc-en-ciel est un demi-cercle se déployant d’un bout à l’autre de l’horizon, et c’est exclusivement lorsqu’il répond à cette description que nous pouvons prononcer la bénédiction
de circonstance (Ramban, Beréchith 9, 12). Pour le Zohar, offrant l’unité d’un septuple rayonnement, l’arc-en-ciel figure la lumière émanant de la Face de Hachem, et les sept couleurs de son spectre correspondent en quelque sorte aux sept Attributs divins. C’est parce qu’il symbolise ainsi Sa Présence qu’il nous est enjoint de ne pas le contempler avec insistance. Le demi-cercle qu’il forme nous renvoie à l’autre demi-cercle, unique, censé le compléter, et nous rappelle, d’en Haut, que nous ne pouvons dévier du droit chemin et de l’objectif qu’Il a assigné à Sa création. Nous seuls avons vocation à compléter ce cercle qui, une fois « entier », marque l’harmonie qui nous unit à notre Créateur, et la bonté avec laquelle Il nous maintient sou veille attentive.>

Rav Dov Roth-Lumbroso