Myriam, âgée aujourd’hui de 84 ans, a fait partie d’un des convois du ‘Kindertransport’, opération de sauvetage d’enfants juifs allemands qui ont été évacués en Angleterre et sauvés ainsi des griffes des nazis au début de la Seconde Guerre mondiale.  

Myriam avait 4 ans quand elle est arrivée en Angleterre et son grand frère Otto en avait 12. Il ne reste de cette époque que deux photos d’eux portant les numéros de 303 et 304.

Malheureusement, ils ont été séparés à leur arrivée et le garçonnet, placé dans un couvent, est décédé quelques années plus tard. Myriam a appris sa mort lorsqu’elle avait 8 ans, à la maison d’enfants, mais elle n’a jamais su où et quand il avait été enterré.

Les recherches qu’elle a entreprises par la suite sur les membres de sa famille assassinées, en tentant de recueillir des témoignages, n’ont jamais abouti. Myriam est montée en Israël en 1955, s’est mariée et a fondé une famille au Kibboutz Zikim.
75 ans plus tard, elle a pu enfin faire le deuil de son frère : les deux photos les présentant, elle et son frère, ont été trouvées au musée de la Shoah d’Amsterdam. C’est le dernier souvenir qu’elle conserve de lui.

Puis elle a appris par un appel téléphonique que la tombe de l’enfant avait été localisée dans un vieux cimetière de la banlieue londonienne : elle a donc décidé de s’y rendre avec ses deux filles et de s’y recueillir en pensant également à tous les autres membres de sa famille massacrés par les Nazis. Elle y a déposé des pierres du Kibboutz Zikim ramassées par ses petits enfants.

Exprimant son émotion avec des larmes aux yeux, elle a déclaré : « Toute ma vie, j’ai senti qu’il m’appelait et je peux maintenant boucler enfin la boucle. L’idée qu’il était enterré tout seul, un enfant aussi jeune, sans famille, ne me laissait aucun repos ».

Le voyage a permis à Myriam de clore également un autre chapitre de sa vie : elle a rencontré Joey Flax, un enfant de la famille juive anglaise qui s’est occupée d’elle jusqu’à ce qu’elle atteigne l’âge de 17 ans et monte en Israël.

C’était la première rencontre entre eux depuis ce départ, il y a 64 ans. Myriam a raconté : « Avant de mourir, la mère de Joey lui a dit : « N’oublie pas ‘Little Myriam’, c’est ainsi que les gens qui m’ont sauvée m’appelaient. Il ne m’a pas oubliée ».

La famille Flax a fait la connaissance de Myriam dans la maison d’enfants où elle avait été placée. Joey et sa sœur, évacués de Londres à cause des bombardements, s’y trouvaient également et c’est ainsi que leurs parents ont vu que la fillette était seule.

« Lorsque sa mère me voyait pleurer, se souvient-elle, elle me consolait, me prenait dans ses bras, me donnait un gâteau, et ensuite elle m’a invitée régulièrement à venir chez eux les weekends et les vacances ». Après son départ pour Israël, les contacts ont été interrompus.