Voici quelques témoignages des élèves du Rav Rozenberg Zal:

 

La Grandeur de l’homme se mesure dans les moments difficiles

Nos sages dans le traite d’ Erouvin (65,b) nous enseignent qu’il y a trois manières de discerner la grandeur d’un homme: par son comportement avec l’argent, quand il est ivre et quand il est coléreux. Ces trois éléments ont le même risque de provoquer un laisser-aller et la perte de sa dignité. Les Sifrei Moussar expliquent la notion de colère différemment, elle englobe toute situation de turbulence.

Durant sa vie, Rav Rozenberg Z »l a connu de nombreuses périodes de turbulences, toutefois il les a toutes confrontées avec courage et de manière exemplaire. Ces circonstances ne l’ont pas empêché de se dévouer de tout cœur à son prochain, que ce soit pour un conseil ou pour une aide. Sa maison était toujours ouverte à quiconque devait se rendre a Paris pour des soins médicaux, souvent pour des longues périodes.

Ses Cours, qui traitaient tous les sujets de la Torah étaient d’une profondeur remarquable. De nombreuses personnes exposées à ses enseignements, ont découvert à travers lui un nouveau niveau d’étude de la Torah.

L’empreinte qu’il a laissé sur la Communauté survivra pour toujours.

En mémoire à notre Rav vénéré ,

Y.Silber

 

 

Hommage à mon maître Hagaon Rabi H’aïm Tsvi Hacohen Rozenberg ztsal

Le Rav ztsal nous quittait à la section Tétsavé du livre de Chémot. Dans cette section le nom de Moché n’est pas mentionné ! Pourtant cette paracha ouvre par le mot hébraïque ‘’véata’’ – et toi. Il y a une disparition certaine mais un ‘’toi’’ mis en avant !

J’ai connu le Rav ztsal j’avais 13 ans et depuis 34 ans je ne l’ai pas quitté. Il avait la qualité de faire de chacun de nous un ‘’toi’’ à part entière. Il reconnaissait la valeur de chacun de ses élèves et a fait de nous une personneaccomplie. Personne n’était nul ! Il croyait en chacun, d’aucun n’était rejeté ou mis à l’écart. Quel que soit l’âge de ses élèves, tous avaient une place. Il s’occupait de chacun comme s’il était son propre enfant. Sa maison était ouverte à tous mais encore plus son cœur. Il aimait tout le monde. La chaleur de son affection se faisait ressentir grandement.

Il aimait la vie, il aimait tout le monde, mais ce qu’il aimait le plus c’était la Tora. Il maîtrisait la Tora et il avait l’art de faire aimer la Tora à tous. Son érudition et son assiduité à l’étude, dépassaient tout ce qu’on peut imaginer. Ses qualités humaines rayonnaient au-delà de simple bonnes vertus.  Son humilité, sa franchise, sa force de dire la vérité sans jamais ne froisser quiconque – c’était d’autant plus réconfortant que revigorant d’entendre une remontrance de sa part.

La hauteur du Rav ztsal : grandeur de Tora, grandeur d’homme, grandeur de qualités hors norme, nous laisse un vide incommensurable. La métamorphose qu’il a su apporter à la communauté française depuis 1983 (où il est arrivé en France) nous a marqué pour la vie. Le courage pour diriger la première Yéchiva Kétana en France exprime toute la force de sa Foi. Alors à peine âgé de 28 ans il a œuvré face aux tempêtes de l’esprit français pour montrer que s’investir pleinement dans la Tora était plausible même pour des jeunes adolescents. Cent élèves passent par la Yéchiva Kétana en 7 ans. Ils occupent actuellement, dans plusieurs continents, des postes communautaires des plus élevés.

Les gens disent qu’il faisait un cours de Talmud appelé ‘’Daf Hayomi’’ (étude de deux pages de Talmud par jour). Pardon, ceci n’est pas précis, c’est l’étude du Daf dans son sens approfondi qui est à retenir. Pour lui il n’y avait rien de banal. Lorsque j’ai choisi de tenir un discours en sa mémoire dans notre Kolel j’ai dit que chaque page du Talmud est une leçon qu’on pouvait rapporter au Rav ztsal. Il n’y a pas de passage talmudique qui ne serait rappelé sa mémoire.

La vigueur avec laquelle il était investi dans la Tora et l’accomplissement des commandements est d’autant plus impressionnante qu’engageante. Quand on voyait et parlait avec le Rav ztsal on se trouvait dans un état hypnotique et absorbant. On voulait tenter son pareil. De son regard aiguisé il savait ouvrir les cœurs pour les ramener à leur Créateur.

Le monde de la Tora a perdu un très Grand Homme, la France a perdu un de ses plus Grands Maîtres.

J’adresse à la Rabanite et à toute sa famille toutes nos expressions de consolation.          

Par Rav Imanouël Mergui – Rav et Roch Kolel Nice

 

 

C’est avec une grande tristesse que j’ai appris que Rav Rozenberg nous a quitté, il nous laisse seuls, mais à imaginer le salaire qu’il reçoit à présent là haut, dans la yeshiva de nos plus prestigieux sages, je suis certain que lui, va bien.

Je n’ai jamais rencontré le Rav.

Il y’a une dizaine d’années, j’ai commencé à vouloir me mettre au daf hayomi, et en cherchant sur internet des cours audio j’ai pris la bonne habitude d’étudier ma page de guémara quotidienne, via les cours d’un Rav. Ce n’est que plusieurs mois après avoir commencé que je suis tombé sur le site du Rav Rozenberg, et me suis laissé aller à écouter l’un de ses cours. Voix rauque, accent israélien prononcé, déjà tout un programme, l’ambiance et le ton sont donnés. Quelques minutes m’ont suffi pour etre séduit par son style, son érudition et son humour. Au terme de ce premier contact audio, j’étais comblé mais aussi fasciné qu’il existe, en France, un Rav aussi intelligent, puissant, qui avait le talmud déroulé devant ses yeux…

Une chose en amenant une autre, je ne me privais pas non plus d’écouter ses cours sur la paracha, son fameux faible pour le mégalé amoukot, les gematriot, et les sefirot, tout en soutenant toujours en guise d’introduction que lui ne comprenait rien à toutes ces notions cabbalistiques. Sa modestie, c’était ca en fait qui m’avait séduit, il était une encyclopédie vivante mais lorsqu’un élève l’interrompait pour lui demander quelle était la halakha pratique dans le cas traité, il répondait  » ca je ne sais pas, il faut demander à un Rav… ». Comme moché rabbénou, il se caractérisait par une humilité qui transparaissait dans toutes ses prises de positions. L’accent israelien, ashkenaze, me transportait de Paris vers les baté midrash de Bnei Brak, les mots, « mench », « yid », « briskerov » qu’il affectionnait tant ont commencé à toucher mon coeur de juif séfarade. En fait tout simplement, ce Rav avait tout. Lorsque j’ai parlé de lui à mes enfants ce chabat, attablés à notre table, à Bnei Brak, je leur ai dit que je pense qu’il faisait partie des plus grands tsadikim du monde, et je le ressens très fort.

Sa facon d’amener de la profondeur, de la gravité, de l’amplitude à chaque sujet, sa capacité à jongler entre Tossfot, et les aharonim, ou encore à dire parfois  » je ne sais pas », « il faut vérifier », à toujours marquer le yortzeit de rabbanim parfois inconnus du grand public, et de dévoiler une partie de leur enseignement, c’était tout ça le rav Rozenberg…

Son humour, et son sourire en coin, lorsque dans un cours à l’approche de l’été il s’étonnait de voir que « certaines personnes préparent leurs vacances avec toutes les houmrotes : ils font des bedikot yessodiyot pour vérifier la qualité de l’hotel, sa situation géographique , demandent tous les détails etc… Halevaye que nous puissions faire de meme pour faire notre bilan personnel et nous préparer à Eloul » disait-il avec un mélange d’humour et de déception.

Il passait parfois 15 minutes à expliquer un point de guemara, puis enchainait ensuite 4 à 5 lignes parfois sans traduire, comme s’il nous disait « allez, bosse un peu toi aussi », « il faut learner »… Comme la guémara qui laisse parfois au ben tora le soin de comprendre sans tout lui dévoiler il avait ce doigté de délivrer son enseignement à posologie nécessaire et suffisante, sans digérer le daf à notre place, mais en mettant un point d’honneur à nous montrer que tout n’était pas si facile que le pchat le laissait entendre.
Depuis quelques années je vis à Bnei Brak, et je peux dire que le Rav Rozenberg, sans jamais l’avoir rencontré, m’a profondément touché, marqué, bousculé. Il m’a montré le niveau d’érudition que l’on peut atteindre, la profonde humilité à avoir face aux textes, la beauté d’un tossfot, la navigation dans l’océan de la tora, l’amour de la précision, en d’autres termes il m’a fait aimer la Tora.

Il a rendu fier tout ben tora de pouvoir dire « j’étudie le daf hayomi, ..le daf hayomi du rav Rozenberg…. »
Sa voix si particulière m’a accompagné durant des années, et elle retentit encore dans mon esprit.

J’ai retranscris de nombreux de ses cours sur la paracha dont je me délecte, gilgoulim, Arizal, mégalé amoukot, lien entre le daf hayomi et la paracha, un cheminement incroyable dans toutes nos sources, avec une aisance déconcertante, que je distille parfois à mes enfants ou mes proches.

Je l’imagine là haut, avec le Briskerov, le hazon Ish, les baalé tossfot, rashi, le mégalé amoukot et je me dis qu’ils ont bien de la chance d’avoir avec eux le Rav Rozenberg… Que son souvenir soit une bénédiction pour nous tous.

Anonyme

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