La parachath ‘Haye Sara commence par le récit des négociations qu’a menées Abraham en vue de l’acquisition de la caverne de Makhpéla, dont il voulait faire le lieu de sépulture de Sara. Ces tractations sont rapportées tout au long des vingt premiers versets de cette paracha, et elles nous montrent, au-delà des apparences d’une courtoisie toute orientale contenue dans les paroles échangées par les négociateurs, qu’elles ont été ardues.

 

Abraham, qui avait constaté la présence dans cette caverne des tombes d’Adam et Eve, voulait à tout prix en devenir propriétaire. Nos Sages nous apprennent d’ailleurs qu’elle est devenue, avec le Mont du Temple et le tombeau de Joseph, l’un des trois endroits en Erets Yisraël dont les non-Juifs ne peuvent pas contester les droits que nous y possédons (Berèchith rabba 79, 7).

C’est dans cet esprit qu’il faut comprendre les pourparlers qui ont conduit à l’achat de la caverne.

« Donnez-moi une propriété funéraire  ! », commence par demander Abraham aux fils de ‘Heth (Berèchith 23, 4).

Mais ses interlocuteurs ne l’entendent pas ainsi : « Dans la meilleure de nos tombes enterre ton mort, aucun parmi nous ne te le refusera » (Berèchith 23, 5). En d’autres termes, nous acceptons que tu enterres Sara dans cette caverne, mais celle-ci doit continuer de nous appartenir. Refus poli, mais refus quand même.

Abraham feint de n’avoir pas compris. « Veuille ‘Efron, fils de Tso‘har, me donner la caverne de Makhpéla qui lui appartient, et qui est au bout de son champ. Pour argent plein qu’il me la donne, au milieu de vous, en propriété funéraire  » (23, 9). C’est de nouveau une possession pleine et entière qu’il demande, c’est-à-dire un droit de propriété.

Sur quoi ‘Efron, renouvelant sa proposition de permettre à Abraham d’enterrer sa femme dans la caverne, ajoute qu’il la lui « donne » (23, 11). Mais une donation n’est pas une vente, car elle peut être révoquée.

Finalement, l’affaire va se conclure sur un compromis : Abraham obtiendra la caverne (23, 18) comme « terre achetée », et non comme comme « terre appropriée » comme il l’aurait voulu. La Tora la lui attribue cependant comme « propriété funéraire »  au verset 20 qui forme la conclusion de ce chapitre.

Haftarath parachath ‘Haye Sarah – Joab et Evyatar

La haftara de la parachath ‘Hayyei Sara (I Rois 1, 1 à 31) est constituée par le récit des derniers jours du roi David, et par celui de la lutte pour sa succession, à laquelle ont prétendu deux de ses fils : Adonias et Salomon.

Le texte nous fournit la liste des membres de la cour royale qui ont soutenu l’un ou l’autre des deux prétendants. Comme partisans d’Adonias, Joab et Evyatar ; et comme fidèles de Salomon, Tsaddoq, Benaïa, Nathan et d’autres.

C’est Salomon, on le sait, qui est sorti vainqueur dans cette joute pour le pouvoir. Mais pour quelles raisons Joab et Evyatar ont-ils choisi le mauvais camp ?

Joab était le général en chef des armées de David, à la tête desquelles il se comporta vaillamment. Il a cependant commis trois fautes que le roi ne lui a pas pardonnées : Il a tué Abner, oncle et général en chef de Saül (II Samuel 3, 27), ainsi qu’Absalon, fils de David (II Samuel 18, 14), et ‘Amassa, chef militaire de celui-ci (II Samuel 20, 10), désobéissant ainsi aux ordres formels de son roi.

Aussi a-t-il préféré Adonias à Salomon, dont il craignait qu’il lui fasse payer ses infidélités (Voir Rachi ad I Rois 1, 7).

Quant à Evyatar, petit-fils de Eli le kohen, il avait servi comme kohen gadol sous David. Pendant la révolte d’Absalon, il interrogea les Ourim we-toumim sans en recevoir de réponse, tandis que Tsaddoq en recueillit un oracle. Etant donné que son échec signifiait qu’il était désormais privé de l’esprit saint, David le déposa de sa dignité pontificale et le remplaça par Tsaddoq (Voir Radaq ad II Samuel 15, 24).

Voilà pourquoi il se rallia à Adonias, pressentant que Salomon ne le rétablirait pas dans ses fonctions sacerdotales.

Jacques KOHN zal’.