L’un des miracles commémorés à ‘Hanouka est la victoire des Hasmonéens sur la puissante armée grecque. Réagissant à la menace spirituelle qui pesait alors sur notre nation, cette poignée d’hommes a affronté, des décennies durant, les immenses troupes séleucides, risquant la mort à chaque instant. Telle était la messirouth néfech, l’abnégation qui s’imposait afin de restituer l’observance des mitswoth interdites par Antiochus IV… Or, à Pourim, nous célébrons l’heureuse issue d’une riposte spirituelle à une menace physique, après que Haman eut projeté de tuer « jeunes et vieux, enfants et femmes en un jour » (Esther 3, 13).

De même lorsqu’ils s’étaient retrouvés devant la mer des Joncs, ou face à ‘Amaleq, les enfants d’Israël durent prouver leur confiance en Hachem, et combattre alors « spirituellement », comme le leur signifia Moché : « Hachem guerroiera pour vous, et vous, vous [demeurerez] silencieux ! » (Chemoth 14, 14). Les Grecs voulaient une assimilation en douceur, en ralliant de plus en plus d’adeptes « hellénisants », afin de faire oublier la Tora et de détacher les juifs de leurs mitswoth « surannées ». Ils firent ainsi traduire la Bible (la fameuse Septante) – le Talmud affirmant que ce jour fut aussi dévastateur pour Israël que celui où fut perpétré le veau d’or (Soferim 1). Ils favorisèrent les juifs hellénisés au point de nommer eux-mêmes un grand prêtre qui n’était pas kohen (Ménélas) ! C’est devant ce danger spirituel que les Maccabées se jetèrent corps et âme dans leur combat, alors que, contrairement aux idées reçues, ils n’étaient pas des héros musclés ! Mais cela ne les a pas empêchés d’investir leurs forces (limitées) dans cette guerre, pour rendre à la Tora et aux mitswoth leur éclat, et pour restituer aux juifs leur véritable identité. Ce combat n’a jamais cessé au fil des générations, et il nous appartient de nous inspirer de l’histoire de ‘Hanouka pour combattre l’« hellénisation » qui nous menace toujours. Comment nous investir dans cette lutte aujourd’hui encore ? La réponse figure dans Zekharya (9, 13) : « J’éveillerai tes fils, Tsiyon (Sion), contre tes fils, Yawan… » Tsiyon est le point d’origine du monde : Sur le mont Moriya, dans le Saint des saints, se trouve la Evèn Chetiya, « pierre d’assise » à partir de laquelle a été fondé le monde entier (Yoma 54b). Et c’est là que l’arche sainte, n’occupant aucune place « physique », volait au-dessus de celle-ci, attestant qu’aucune règle naturelle n’est de mise à Tsiyon, point névralgique de l’univers, où seul règne Hachem, Origine et Cause première, qui dirige absolument tout. Pour les Grecs (Yawan), à l’inverse, tout avait toujours existé et n’était que continuation. En allumant les lumières de ‘Hanouka, nous continuons de nous défendre contre l’hellénisation : Nous ne nous laissons pas éclairer par elles, et ne profitons pas « passivement » de leur lueur pour vaquer à nos occupations. Au contraire, nous nous investissons « physiquement » et nous appliquons à les fixer et à ne voir qu’elles (lirotham bilvad), nous attachant ainsi à cette lumière révélatrice du point d’origine qu’est Tsiyon. Efforçons-nous de bien la capter pour ne pas tomber dans les rets de ceux qui, de toutes parts, sous couvert de culture ou de modernisme, cherchent à nous détacher de la lumière de la Tora ! Que Hachem nous permette de résister à ce long exil, et surtout, qu’Il y mette vite fin et nous réunisse à Tsiyon, point d’origine et d’aboutissement, Amen !

Rav Dov Roth-Lumbroso