La haftara attachée à la parachath Metsora’ (II Rois 7, 3 et suivants) raconte un épisode survenu à l’époque du prophète Elisée, tandis que le Royaume du Nord était engagé dans une guerre contre la Syrie, dont les troupes assiégeaient Samarie.

Quatre « lépreux » se trouvaient alors bannis, comme l’exige la Tora ( Wayiqra  13, 46), hors de la ville. Une remarque s’impose d’emblée : Le royaume d’Israël connaissait alors une profonde déchéance religieuse, que le siège de sa capitale ne pouvait qu’accentuer. Cependant, malgré l’impiété généralisée de la population, encouragée et entretenue par ses rois, les lois sur la « lèpre » continuaient d’être respectées avec minutie. Ce respect des halakhoth est d’autant plus remarquable que ces quatre « lépreux » n’étaient autres que Gué‘hazi, le serviteur d’Elisée, et ses trois fils ( Sota  47a), et nous savons par ailleurs que Gué‘hazi fait partie de ceux qui n’ont pas droit au monde à venir ( Sanhédrin  100a). Le siège de leur ville inquiétait grandement les quatre « lépreux » : S’ils retournaient dans celle-ci, ils y mourraient de faim, et s’ils restaient sur place ils mourraient également. Ils décidèrent donc de chercher asile dans le camp des Syriens, se disant qu’ils y trouveraient peut-être une chance de survie.

Mais arrivés dans le camp ennemi, une surprise totalement inattendue les y attendait : Hachem y avait suscité une terreur panique. Les soldats s’étaient enfuis, abandonnant sur place leurs équipements, leur nourriture et ce qu’ils avaient de plus précieux. Nos quatre hommes, ravis de l’aubaine, entrèrent dans une tente pour y manger et boire, puis ils emportèrent l’argent, l’or et les vêtements ainsi abandonnés.

Après quoi ils annoncèrent la bonne nouvelle aux assiégés, et ceux-ci se précipitèrent à leur tour hors des murs de la ville pour enfin s’alimenter et se désaltérer.

Cet épisode nous apprend que même celui qui a péché ne devient pas nécessairement mauvais : Ce sont les « lépreux », et eux seuls, qui ont permis aux habitants de la ville, en leur annonçant que le siège était levé, d’échapper à la mort.

Jacques Kohn zal