Le livre des « Juges » partie XXIV

 

Avimélèkh – (ou «le buisson d’épines» devenu roi)

Première partie: Avimélèkh s’empare du pouvoir à Chekhèm

Chekhèm (appelée aussi Sichem, ou Naplouse) est une ville très ancienne en Canaan. Elle est mentionnée à maintes reprises dans l’histoire des Patriarches (Berèchith 12,6 33,18 chapitre34 37,12). Et si le livre de Josué ne parle pas de sa conquête, elle va néanmoins se trouver au centre d’événements importants en Israël.

Chekhèm (appelée aussi Sichem, ou Naplouse) est une ville très ancienne en Canaan. Elle est mentionnée à maintes reprises dans l’histoire des Patriarches (Berèchith 12,6 33,18 chapitre34 37,12). Et si le livre de Josué ne parle pas de sa conquête, elle va néanmoins se trouver au centre d’événements importants en Israël.

A Chekhèm a été édifié un lieu d’idolâtrie appelé «maison de Ba‘al-Berith» (9,4), ou «maison de leur dieu» (9,27), cela pour bien marquer qu’il s’agit d’un culte rendu à une divinité étrangère.

Des habitants de Chekhèm se présentaient comme les descendants de ‘Hamor, père de Chekhèm le ‘Hiwi (9,28 – Cf. Berèchith34,2).

Certains citoyens de Chekhèm et de ses alentours sont appelés dans tout le chapitre: ba‘alei Chekhèm («“notables” de Chekhèm»), à l’instar des habitants de la ville cananéenne de Jéricho, appelés ba‘alei Yeri‘ho («“notables” de Jéricho» – Josué24,11), alors que les habitants des autres localités sont appelés: anechei Soukoth, ou anechei Penouel («“hommes” de Soukoth», ou «“hommes” de Penouel»… – 8,5 et 17).

A la lumière de ce qui précède, on peut inférer que les habitants de Chekhèm étaient d’origine cananéenne. Cette ville n’a pas combattu Josué, mais elle s’est soumise aux enfants d’Israël qui l’ont annexée. Ses habitants étaient des ‘Hiwis, tout comme les Guibonites (Josué9,7). Ils s’en distinguaient cependant par une différence considérable: Alors que les Guibonites ont été réduits à l’état subalterne de «coupeurs de bois» et de «puiseurs d’eau» (Josué9,21) –statut qu’ils ont conservé jusqu’à la fin du premier Temple (Radaq ad loc.)– les habitants de Chekhèm ont continué de vivre dans l’aisance matérielle, ainsi qu’en témoignent les différences sociales au sein de sa population (9,45 et 46). Ils sont aussi demeurés fidèles à leurs divinités, ce qui explique que la première «expérience monarchique» en Israël ait eu lieu dans cette ville.

Gédéon, nous l’avons vu, avait laissé comme héritiers soixante-dix fils légitimes, ainsi que le fils d’une concubine originaire de Chekhèm: Avimélèkh.

A la mort de son père, celui-ci s’adressa à la famille de sa mère et aux notables de cette ville, leur faisant valoir que, du moment qu’il était de leur sang, c’est à lui qu’ils devaient prêter allégeance, et non à ses soixante-dix demi-frères.

Séduits par sa rhétorique, les habitants de Chekhèm l’établirent comme leur roi (9,6). Il conservera le pouvoir pendant trois ans (9,22), non pas en tant que «roi» (mélèkh), mais en tant que «prince» (sar), comme si le prophète Samuel, en écrivant ce chapitre, avait voulu le dépouiller d’un titre usurpé.

On lui remit, prélevés sur le trésor du temple de Ba‘al-Berith, soixante-dix chéqels qu’il utilisera pour recruter des «gens de rien», autrement dit des tueurs à gages.

«[Avimélèkh] s’en fut à ‘Ofra dans la maison de son père, et massacra ses frères, les soixante-dix fils de Yerouba‘al, sur une seule pierre…» (9,5).

(On remarquera que le nombre des victimes a correspondu exactement à celui des chéqels.)

Seul échappa à ce massacre Jotham, le plus jeune des fils de Gédéon, qui avait réussi à se cacher.

L’expression «sur une seule pierre», identique à celle qui figure dans Zacharie (3,9), est ainsi commentée par le Midrach:

«De même que Caïn a tué Abel avec une “pierre” et qu’il a été tué lui-même avec une “pierre”, de même Avimélèkh a-t-il tué avec une “pierre” et a-t-il été lui-même tué avec une “pierre” (9,53)» (Agadath Berèchith 26).

(à suivre)

Jacques KOHN Zal