Yedid néfech

Yedid néfech est surtout connu comme chant chabbatique dans les communautés achkenazes et hassidiques, où on l’entonne le vendredi soir en accueillant Chabbath , ainsi que pendant la seouda chelichith (le « troisième repas » du Chabbath après-midi).

On le connaît également dans certaines communautés séfarades, où il fait partie de la prière de Cha’harith .

Ce chant a été composé par rabbi El’azar Azkari (1533-1600), l’un des plus éminents cabalistes de Safed aux côtés de Radbaz , de Rabbi Chelomo Alkabetz, de Rabbi Yossef Karo, de Rabbi ‘Hayyim Vital et du Ari-zal .

Il est composé de quatre strophes, portant en acrostiches les lettres qui composent le Nom divin.

Les premiers mots : Yedid néfech ou « ami de l’âme » s’appliquent au Saint béni soit-Il. Le chanteur s’adresse à Hachem afin qu’Il l’aide à accomplir Sa volonté, comme un serviteur fait celle de son maître. Alors il se mettra à courir comme un bélier pour se prosterner devant Lui. Car l’amour que lui porte Hachem lui est plus précieux que le miel qui suinte d’une ruche et que les bouquets agréables qui existent dans le monde.

La deuxième strophe contient divers adjectifs ( hadour [ « somptueux » ], naé [ « beau » ], ziw ha-olam [« splendeur du monde]) qui s’appliquent tous au Saint béni soit-Il. Le chanteur déclare son âme « malade d’amour », dans les mêmes termes que le Cantique des Cantiques (2, 5), et il supplie Hachem de « la guérir », comme Moïse L’a supplié de guérir Miryam ( Bamidbar  12, 13). Après qu’il aura recouvré la santé, il Le servira à tout jamais.

« Puisse se manifester la miséricorde de l’Ancien », continue la troisième strophe, « l’Ancien » ( watiq ) étant une dénomination du Saint béni soit-Il, en tant qu’Il a précédé tout ce qui existe. « Veuille-t-Il avoir pitié du ?fils de l’aimé? », c’est-à-dire de la descendance d’Abraham, appelé « aimé de Hachem  » (Isaïe 41, 8), ou du peuple juif, également désigné comme Son aimé (Isaïe 43, 4). Le chanteur se dit impatient de contempler la splendeur de Sa gloire, et il supplie Hachem de hâter Sa révélation et de ne pas Se dissimuler à sa prière.

Dans la quatrième et dernière strophe, nous supplions Hachem , notre chéri ( ?haviv ), de déployer sur nous la Souka de Sa paix. « Que la terre soit illuminée par Sa gloire » (Ezéchiel 43, 2), et veuille-t-Il nous témoigner Sa bonté comme aux jours de jadis.

Jacques KOHN.