Ce nom a été donné à la collation que certaines personnes consomment le samedi soir après la tombée de la nuit et après la récitation de la havdala, et il signifie que l’on « raccompagne le Chabbath » après l’avoir accueilli la veille.

La melawé malka a pour origine une discussion entre rabbins du Talmud sur le nombre de repas que l’on est tenu de consommer pendant Chabbath. Interprétant le verset : « Moïse dit : Mangez-la aujourd’hui (hayom) car c’estChabbath aujourd’hui (hayom) pour Hachem ! Aujourd’hui (hayom) vous ne la trouverez pas dans le champ » (Chemoth 16, 25), la majorité penche pour trois repas, soit autant de fois qu’il est écrit hayom, tandis que rabbi ‘Hidqaécarte celui du vendredi soir pour en ajouter un le lendemain (Chabbath 117b).
Bien que la halakha ait été fixée, comme il se doit, selon l’opinion de la majorité (Voir Choul‘han ‘aroukh Ora‘h ‘hayyim 291), l’habitude de la melawé malka s’est maintenue dans certains milieux.

Certaines autorités, comme le Kaf ha-‘hayyim, attribuent l’origine de cette collation à des raisons mystiques :
On sait que le louz est l’un des os de notre squelette qui est absolument indestructible et qui demeurera éternellement présent jusqu’à la résurrection des morts (Wayiqra rabba 18, 1). Or, cet os serait nourri exclusivement par ce que l’on mange pendant la melawé malka.

Il est de règle que l’on ne consomme pendant cette collation que de petites quantités de nourriture, voire même, pour ceux qui sont rassasiés, une simple tasse de boisson ou un fruit ou un morceau de gâteau.
La Guemara (Chabbath 119b) raconte cependant que l’on préparait chez rabbi Abbahou un veau dont il mangeait l’un des reins.

Son fils Avimi s’étonna de cette pratique qui entraînait un important gaspillage de nourriture, et il suggéra que l’on abatte ce veau dès le vendredi et que l’on mette de côté pour le lendemain le rein de la melawé malka.

Ainsi fut fait, raconte la Guemara, jusqu’au jour où un lion dévora le rein en question, ce qui a fait dire au Maharcha(Rabbi Chemouel Eliézèr Eidels [1555–1631]) que l’on doit manger, le samedi soir, un mets qui a été spécialement préparé à cet effet, et non de ce qui reste des plats du Chabbath.

La melawé malka est souvent accompagnée de chants, comme Eliyahou ha-Navi, que l’on attribue à rabbi Méir ben Baroukh de Rothenbourg (1215–1293), plus familièrement appelé le « Maharam de Rothenbourg ». Selon la légende, le prophète Elie est en effet censé arriver un samedi soir pour annoncer notre libération par le Messie.

Jacques KOHN Zal