La Pologne a modifié officiellement sa loi sur la Shoah votée il y a quelques mois par son parlement, qui avait suscité de vives tensions avec Israël. Dans le cadre de cet amendement, elle renonce notamment aux sanctions pénales prévues au départ contre toute personne attribuant des crimes nazis à l’Etat polonais. Cette mesure lui permet de rétablir de bonnes relations avec Israël après une période de crise.

Suite à cette décision, une déclaration commune des gouvernements de Varsovie et de Jérusalem a été publiée dans les journaux en deux langues. Mais elle est loin de faire l’unanimité : la direction du mémorial de Yad Vashem a réagi vivement à ce texte.

Dans un communiqué, elle a indiqué que ‘la déclaration commune des deux gouvernements, israélien et polonais, contenait un certain nombre d’erreurs historiques et risquait d’ouvrir la voie à d’éventuelles batailles juridiques contre des historiens et des chercheurs travaillant sur la Shoah, même s’il n’était plus question de poursuites pénales’.

Et de souligner ‘qu’après un examen minutieux effectué par des historiens, il s’avérait que les assertions historiques, présentées comme des faits incontestés dans la déclaration conjointe (des deux gouvernements) comprenaient de graves erreurs et des tromperies’.

Il a aussi été précisé que ‘l’essence de la loi demeurait inchangée même après l’abrogation des articles contestés’ et que ‘cela risquait de porter préjudice aux chercheurs dans leurs travaux menés jusqu’à présent sans entraves ainsi qu’à la mémoire historique’. Cette mise au point de Yad Vashem a été signée par des historiens expérimentés : le Pr Dan Michman, le Prof Hava Dreifuss et le Dr David Silberklang.

Yad Vashem a également mis en garde contre une possible vague de poursuites que pourraient engager des groupes polonais contre ceux qui ‘mettraient en doute la bonne réputation de la Pologne et de la Nation polonaise’.

Le ministre de l’Education Naftali Benett, leader du parti Habayit Hayehoudi, a lui aussi critiqué l’attitude du Premier ministre dans ce dossier. Il a indiqué : « La déclaration commune du Premier ministre israélien Binyamin Netanyahou et du chef du gouvernement polonais Mateusz Morawiecki concernant la responsabilité de la Pologne pendant la Shoah est une honte, elle est remplie de mensonges et de distorsions et elle porte atteinte à la mémoire des nombreux Juifs qui ont été assassinés par des Polonais ».

Il a estimé que la description qui y est faite ‘ne correspondait pas à la réalité’, et a souligné que les actions de sauvetage de Juifs ‘étaient mineures et non centralisées’.

Benett a encore tenu à dire: “Je respecte et j’apprécie l’amitié entre nos deux pays aujourd’hui mais en tant que ministre de l’Education de l’Etat d’Israël, engagé dans la transmission du souvenir de la Shoah, je ne permettrai absolument pas la déformation des événements de la Shoah ». Et de souligner : « Après des consultations avec des experts de la profession, j’affirme de façon déterminée que cette déclaration n’a aucune valeur historique ou factuelle ».