Dans le récit de la Torah, il a été fait appel à plusieurs reprises à la générosité des Enfants d’Israël. Et à chacune de ces occasions, ils se sont montrés fort  » généreux  » : ainsi, ont-ils donné avec largesse leur or et leur argent successivement… pour le Veau d’or, puis pour le Michkan (le Temple du désert), ce qui nous enseigne d’abord que la générosité en soi ne saurait constituer une vertu.

Car l’essentiel n’est pas d’être  » généreux « , mais de savoir pourquoi l’on  » donne « . Prenons un exemple plus caractéristique : les douze princes des tribus ont eux aussi été sollicités lors de l’édification du Michkan, tout comme l’ont été les Enfants d’Israël. Or, les princes ont réagi en disant en substance : « Demandez au peuple d’apporter d’abord ce qu’il peut, puis nous, nous complèterons ! ».
On pourrait être de prime abord porté à admirer une telle attitude : en effet aujourd’hui, quel roch yéchiva ou quel responsable d’une organisation juive ne serait pas heureux d’entendre pareil discours émis par un grand donateur recommandant de faire d’abord appel au peuple, avant qu’il ne  » complète  » ensuite ce qui manquera… !?
Mais voilà que le peuple d’Israël a été tellement généreux qu’en fin de compte, il ne manquait rien. C’est pourquoi les princes ont été « contraints », non pas de participer aux matériaux nécessaires à l’édification du Michkan, mais de donner ensuite les pierres précieuses qui serviraient au pectoral du Grand Prêtre.

Toutefois, la grandeur de ces princes réside dans le fait qu’ils ont  » compris la leçon  » ! En effet, quand viendra le moment de l’inauguration du Michkan, ils seront alors les premiers à apporter leurs offrandes : ils ont bel et bien saisi qu’avec le peuple d’Israël, pour avoir la possibilité de faire une mitsva, il faut toujours faire vite !

Nous constatons donc que ce qui compte dans une mitsva – telle la tsédaka ou le maasser -, ce n’est ni la somme que l’on offre ni même son montant, mais c’est avant tout l’empressement avec lequel on la réalise. Dès que l’on fait appel à une assemblée ou une collectivité, sachons donc être toujours les premiers à apporter notre contribution : quel que soit son montant exact, notre empressement et notre zèle créent une véritable dynamique, et surtout, nous avons ainsi le mérite et le bonheur de pouvoir trouver notre place. Quoi de plus triste en effet que quelqu’un qui voudrait  » donner « , mais qui ne le peut pas, comme le dit la sage expression du Talmud : « Plus encore que le veau a besoin de téter, la vache a besoin de donner son lait ».

L’homme est fondamentalement généreux. Mais il faut juste qu’il réussisse à discipliner et à ordonner sa générosité pour qu’elle serve toujours à bon escient et au bon moment.
À bon entendeur, chalom !

Par Rav Sitruck