Dès le début de l’exil égyptien, les enfants d’Israël savaient qu’un jour la Délivrance viendrait : malgré la longueur et la dureté de l’esclavage, ils n’avaient pas perdu espoir et attendaient patiemment leur sauveur. Lorsqu’il est enfin arrivé, ils l’ont immédiatement adopté en la personne de Moché. C’est alors que commença son bras de fer avec Pharaon…
Pourtant très instruit sur le « panthéon de tous les dieux », Pharaon n’avait pas dans ses tablettes le Nom d’Hachem. Il refusa donc de se soumettre à Sa puissance jusqu’à ce qu’il y soit contraint. Ce qui va conduire Moché à effectuer devant lui et face à tous les Égyptiens médusés l’ensemble des plaies d’Égypte.

Or, même si tous ces phénomènes sont bien sûr miraculeux, ils ont tous cependant une base « physique » et naturelle : jusqu’à voilà encore quelques années, n’a-t-on pas encore publié des thèses scientifiques pour expliquer les plaies d’Égypte ?! Ainsi, la plus récente datant d’une vingtaine d’années, évoque une éruption sous-marine dans une île au large de la Grèce qui avait effectivement eu lieu à cette époque-là et qui auraient provoqué toutes sortes de phénomènes en cascade comme un énorme ras de marrée, une violente irruption volcanique etc. Quant aux Allemands, ils soutiennent dans la même lignée que la plaie des ténèbres venait des scories projetés dans le ciel suite à cette irruption, que la rougeur du Nil était provoquée par une algue qui colorait étrangement le fleuve, que l’invasion des animaux sauvages puis des sauterelles était bien sûr une  » conséquence  » de tous ces phénomènes très puissants de la  » nature « … En d’autres termes, aujourd’hui encore, on essaye d’ » expliquer  » les plaies de l’Égypte. Mais, ce que personne ne peut expliquer, c’est pourquoi elles ont eu lieu à ce moment précis, juste quand Moché les demandait !

Mieux encore : chaque fois qu’il se présentait devant Pharaon – surtout pour les dernières frappes -, celui-ci était sur le point de « craquer » et demandait à Moché de stopper la plaie en cours. Et à chaque fois, Moché lui lançait un défi en disant :  » Quand veux-tu que cela s’arrête ? ”. Et pharaon de répondre :  » Demain ! « .  » Pas de problème : cela s’arrêtera demain ! « , concluait Moché.

Or, aucune explication scientifique ne peut élucider cet enchaînement tout à fait  » surnaturel  » des événements. Cela ne saurait nous étonner puisque nos Sages, depuis l’époque des Richonim, ont toujours soutenu que les miracles constituaient un phénomène naturel, mais dont l’aspect extraordinaire tenait au fait qu’ils intervenaient chaque fois au bon moment… Ainsi, le prodige n’est-il pas en quelque sorte de voir la mer Rouge reculer, mais qu’elle se fende devant les enfants d’Israël qui ont un besoin urgent de la traverser !

Voilà pourquoi la Torah a toujours considéré que c’est bien Hachem le seul et unique Maître de la nature et que, par le moyen de nos prières, nous pouvons Lui demander d’intervenir. Or, Il ne le fait jamais de façon exclusivement surnaturelle, mais toujours de manière en apparence naturelle, ce qui permet aux incrédules de pouvoir le rester et aux sceptiques de toujours contester… En un mot, le libre-arbitre de chacun est préservé : l’homme peut toujours croire… ou ne pas croire. On en conclut que la  » émouna  » – la foi en D.ieu – ne repose pas sur une explication indiscutable et irréfutable de l’existence ou de la Présence divine qui seraient  » tangibles  » dans ce monde, mais sur notre capacité à avoir confiance en Hachem.

De la même manière, on peut aussi expliquer aujourd’hui  » de façon humaine  » tous les phénomènes animant le peuple d’Israël : par exemple, nous avons une armée super-performante, les chefs politiques des pays ennemis n’arrivent jamais à se mettre d’accord entre eux, etc. Ou bien, l’on peut dire qu’à chaque instant, c’est bien Hachem qui protège Son peuple par l’intermédiaire des soldats juifs, et Qui agit afin d’empêcher toute coalition entre ses ennemis. Une  » option  » qui donne à l’homme une foi inébranlable, mais qui est en même temps une attitude réaliste lui permettant de tout faire à son niveau sans jamais tenir compte du miracle…

Le Talmud n’affirme-t-il pas en substance :  » Ne te fonde pas sur le miracle ! Organise ta vie, ta famille et ton État, comme si tu devais t’en sortir chaque fois tout seul. Mais, quand tu réussiras, n’oublie pas que c’est grâce à Hachem !

Par Harav Sitruck

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