«Voici les noms des fils de Lévi selon leurs générations… » (Chemoth 6, 16). Cette introduction, qui précède l’énumération des enfants de Lévi, ne figure pas dans les versets qui précèdent, ceux-ci indiquant d’emblée les noms des fils de Ruben et de Siméon.

Cette différence est expliquée comme suit par le Chela (Rabbi Yecha’ya Horowitz (1565-1630) :

On sait que la tribu de Lévi n’a pas été réduite en esclavage en Egypte (Chemoth rabba 5, 16). Elle a cependant tenu, malgré ce passe-droit, à affirmer sa solidarité avec les autres. Cette solidarité a été marquée, tout particulièrement, par les noms que Lévi a donné à ses fils :
Guerchon (גרשון) a été ainsi appelé parce que les enfants d’Israël ont « vécu comme des étrangers (גרים) dans un pays qui n’était pas le leur » (Voir Chemoth 2, 22 : גר הייתי בארץ נכריה).

Qehoth (קהת) tient son nom du fait que, littéralement, les dents des enfants d’Israël ont été « ternies » (de la racine קהה) à cause des souffrances qu’ils ont endurées.
Quant à Merari (מררי), son nom est à mettre au compte des Egyptiens, qui ont « rendu amère » (וימררו) la vie des Hébreux (Chemoth 1, 14).
Il est vrai que les trois fils de Lévi sont nés en Erets Yisraël (Berèchith 46, 11), donc avant l’esclavage d’Egypte, ce qui s’accorde mal avec l’idée selon laquelle cette tribu a tenu à exprimer sa sympathie avec les autres. Il n’est cependant pas interdit de penser que Lévi a pressenti l’esclavage et qu’il a nommé ses enfants en conséquence.

Haftarath parachath Vaèra – La duplicité de Pharaon

Dans cette haftara, le prophète Ezéchiel commence par promettre que Hachem punira les peuples qui nous ont fait du mal et que nous retournerons sur notre terre.
Cette prophétie s’adresse essentiellement à Pharaon et à l’Egypte, qui ont manqué à leurs promesses de nous aider lorsque les Assyriens de Sennachérib ont attaqué et détruit le Royaume d’Israël, et lorsque les Babyloniens de Nabuchodonosor ont attaqué et détruit celui de Juda. Leur duplicité et leurs manquements répétés à la parole donnée mériteront d’être punis. C’est pourquoi, annonce Hachem, Nabuchodonosor attaquera l’Egypte et la pillera (Ezéchiel 29, 19). Ce sera, ajoute-t-Il, sa récompense pour avoir travaillé pour Lui.
Cette duplicité innée de l’Egypte est mise en lumière dans le verset qui la décrit très exactement : « Voici que maintenant tu te fies à ce bâton de roseau cassé, en l’Egypte, lequel, si quelqu’un s’appuie dessus, lui entre dans la main et la perce. Tel est le Pharaon, roi d’Egypte, pour tous ceux qui lui font confiance » (II Rois 18, 21).
Jacques KOHN zal.