Dans la description des jumeaux Yaakov et Essav faite dans notre paracha, le verset qualifie le premier d’ « homme intègre, vivant sous la tente [de l’étude] », et le second d’« habile chasseur, d’homme des champs », (Béréchit, 25, 27).

Or, l’évocation de la chasse au sujet de Essav suggère selon Rachi, qu’il « attrapait et trompait son père par ses paroles. Il lui demandait

comment on prélève la dîme sur le sel et la paille, le laissant croire qu’il observait scrupuleusement les mitsvot »… Pourquoi Essav se targuait-il de respecter la mitsva de maasser en particulier ? Parce que c’est à travers elle qu’il expliquait le mieux à son père sa nature d’« homme des champs ».

La ruse d’Essav consistait en effet à se faire passer aux yeux d’Its’hak comme l’authentique alter ego de Yaakov : pendant que ce dernier restait à étudier dans sa tente, lui se souciait d’apporter à son frère sa subsistance afin qu’il puisse mieux s’adonner à ses études. Par ses fines allusions relatives au maasser, Essav insinuait à son père qu’il était « l’homme des champs… pour son frère » et qu’il se vouait à devenir en quelque sorte le mécène de Yaakov. Pour ce faire, il partageait avec lui le fruit de sa chasse et le soutenait dans sa haute vocation spirituelle en lui offrant justement son maasser (d’après le Ktav Sofer). Voilà pourquoi Its’hak accorda sa préférence à Essav : parce que ce dernier disait se « sacrifier » afin d’apporter leur subsistance aux hommes de l’étude, il méritait les plus hautes distinctions. Et c’est en ce sens que le patriarche choisit de donner sa bénédiction à son fils aîné, car son prétendu rôle réclamait effectivement qu’il possède en ce monde de nombreuses richesses…

Par YONATHAN BENDENNOUNE,en partenariat avec Hamodia.fr