C’est un peu, dans une version astronomique, l’histoire d’une femme enceinte qui croit attendre des triplés et apprend, lors de l’échographie, que sept bébés grandissent dans son ventre… La maman, c’est l’étoile Trappist-1 ; les enfants, sept planètes rocheuses plus ou moins semblables à la Terre, dont une équipe internationale emmenée par des chercheurs belges de l’université de Liège ont annoncé la découverte, mercredi 22 février, dans la revue Nature.

« Ce n’est pas la première fois que l’on trouve un système planétaire avec sept planètes, mais c’est la première fois que les sept planètes en question sont toutes rocheuses », précise Franck Selsis, chercheur au Laboratoire d’astrophysique de Bordeaux et cosignataire de l’article.

Trappist-1 est située à 39 années-lumière de nous, dans la constellation du Verseau. Dans le jargon des spécialistes, il s’agit d’une « naine ultra-froide », c’est-à-dire d’une toute petite étoile, dont la masse représente 8 % de celle du Soleil et dont le rayon est à peine supérieur à celui de Jupiter, la plus grosse planète du Système solaire.

Et elle est dite « ultra-froide » non pas parce qu’on y gèle – cela reste une étoile… – mais parce que sa température de surface, d’environ 2 200 °C, est très inférieure à celle que l’on mesure pour d’autres astres – par exemple 5 500 °C pour le Soleil.

C’est précisément ce nanisme stellaire qui a intéressé l’équipe liégeoise lorsque, sous la direction de Michaël Gillon, elle a conçu le petit télescope Trappist (pour « Transiting Planets and PlanetesImals Small Telescope »), installé en 2010 au Chili.

Comme son nom complet l’indique, cet instrument exploite le phénomène appelé « transit » : lorsque, pour les observateurs lointains que nous sommes, une planète extrasolaire passe devant son étoile, la luminosité de cette dernière est légèrement amoindrie, une baisse d’éclat dont on peut déduire la présence d’une planète, et son rayon.

Un imbroglio à démêler

Plus l’étoile est petite, plus la détection est aisée. Et si elle est minuscule, il devient même envisageable d’obtenir des informations sur l’atmosphère de l’exoplanète qui transite. D’où le choix fait par les concepteurs du projet Trappist de se concentrer sur les compagnons des naines ultra-froides, car c’est peut-être d’eux que viendra la réponse à l’une des plus grandes questions de l’astronomie et de l’humanité : la vie existe-t-elle ailleurs que sur Terre ?

En 2016, l’équipe de Michaël Gillon annonçait avoir découvert trois planètes plus ou moins analogues à la nôtre autour de Trappist-1. Mais, après cette fournée déjà spectaculaire, l’analyse plus approfondie des données a intrigué les chercheurs, qui se sont demandé s’ils avaient bien tout vu…

 

Le monde et Le Figaro