Livre de Bamidbar évoque la traversée du désert avec tous les incidents et révoltes ayant émaillé cette longue période de 40 années…

Dans l’un des passages de ce 4e Livre, nous trouvons quelque chose de particulièrement étonnant : le fait qu’il y ait soudain dans le texte biblique deux versets isolés de tous les autres grâce à deux lettres « noun » (נ ) renversées l’une au début et l’autre la fin de ce passage, comme s’il s’agissait là d’une parenthèse. Et effectivement, le Talmud – dans la Guémara Sanhedrin, page 102 – nous précise que ce n’était pas là la place prévue pour ces deux versets mais qu’ils devaient s’y trouver quelque « 50 parachiot avant ».
Alors pourquoi les a-t-on placés là ? Tout simplement pour nous donner une leçon consistant à pouvoir séparer deux châtiments l’un de l’autre… Le Talmud dit à propos de l’un de ces deux châtiments qu’il est clairement explicité dans la Torah : les enfants d’Israël se sont plaints sans raison à Moché de « tout » ce que la Torah exigeait d’eux et, à la suite de ces récriminations injustifiées, une épidémie a donc décimé une partie du peuple… Mais, dit la Guémara dans le Traité talmudique Chabbat, nous cherchions en vain le second châtiment… Or, nous disent nos Sages, ce dernier est juste indiqué en filigrane dans le verset de notre paracha : « (…) et ils quittèrent la montagne de D.ieu ». Mais alors, où est donc ce châtiment ? Car il était bien prévu que les enfants d’Israël ne restent pas au mont Sinaï après le don de la Torah, mais qu’ils continuent leur route vers Eretz Israël. Alors en quoi quitter le Sinaï constituait-il un châtiment ?
Nos sages répondent en substance : ils ont quitté le Har Sinaï « kétinok haboréa’h mi bet hassefer [comme un petit garçon qui quitte l’école] ». Nous avons certes tous entendu dans notre enfance la sonnerie de la fin des classes, qui était certainement l’un des sons que nous préférions alors le plus car il signifiait qu’enfin, la classe était terminée… Or, c’est un peu dans cet état d’esprit qu’Israël a quitté le Sinaï ! En d’autres termes, ils étaient heureux d’en partir, d’où le châtiment qui survint aussitôt.
Expliquons-nous : la punition d’un homme d’Israël, c’est tout simplement d’être content de terminer une mitsva ou de finir un cours – en d’autres termes, de ne pas apprécier ce que l’on fait. Ici, l’homme est en quelque sorte puni et châtié par le fait qu’il n a pas mérité d’aimer la Torah. Et l’on voit dans la vie de tous les jours combien le plus grand bonheur, ce n’est pas de faire les mitsvot mais d’être capable de vraiment les aimer.
Ainsi, il ne s’agit pas seulement d’assister à un office de prières, mais d’être heureux de s’y trouver ! Quand un office se termine et que l’on est heureux d’en partir à toute allure ou lorsque l’on écoute un cours dont la fin s’annonce comme une « libération », c’est qu’en fait on n’a pas vraiment compris le sens et le message de notre acte… Voila pourquoi les enfants d’Israël ont donc ici vécu ce que l’on appelle un châtiment.
Par cette petite remarque, je voulais préciser qu’il n’y a pas de plus grand bonheur que d’aimer ce que l’on fait ! Ainsi, dit-on tous les matins dans les bénédictions de la Birkat Hatorah : « Maître du monde, Fais en sorte que les paroles de Torah soient douces dans notre bouche et que nous puissions apprécier cette Torah ! ».
Nous voyons donc par là qu’il est fortement recommandé de prier pour cela. Et donc, l’on prie non seulement pour pouvoir avoir la chance d’étudier la Torah, mais aussi pour pouvoir y trouver sans cesse de la douceur… Puissions-nous être toujours heureux de pouvoir l’accomplir et d’apprécier son contenu ! Amen.
Par Rav Sitruk Zatsal, avec l’accord exceptionnel d’Hamodia-Edition Française