« Garde le mois du aviv, et tu feras Pessa‘h à Hachem, ton Dieu, car au mois du aviv, Hachem, ton Dieu, t’a fait sortir d’Egypte, de nuit » (Devarim 16, 1).

Pourquoi est-il écrit : « de nuit », alors que c’est en plein jour que les enfants d’Israël sont sortis d’Egypte (Chemoth 12, 41) ?
Dans son commentaire du verset : « Vous avez vu ce que J’ai fait à l’Egypte, Je vous ai portés sur des ailes d’aigles, et Je vous ai amenés à Moi » (Chemoth 19, 4), le Targoum Yonathan ben ‘Ouziel explique que Hachem, pendant la nuit du 15 nissan où les enfants d’Israël étaient occupés à manger le sacrifice pascal, les a transportés à l’emplacement où allait être construit le Temple de Jérusalem, puis qu’Il les a aussitôt ramenés en Egypte.
Voilà pourquoi la Tora nous ordonne de garder le mois de aviv et d’y observer les prescriptions sur le sacrifice de Pessa‘h, afin de commémorer que c’est en ce mois-là que Hachem nous a fait sortir d’Egypte « de nuit », et au verset suivant « de sacrifier le sacrifice pascal à Hachem à l’endroit qu’Il choisira pour y faire résider son Nom ».

– :- :- :- :- :- :- :-

Haftarath
Reè
h– « Tes enfants » ou « tes constructeurs »

Le prophète Isaïe a fait comprendre au peuple d’Israël, dans la haftara précédente, que ses liens avec Hachem sont loin d’être rompus, qu’un amour véritable et profond les attache l’un à l’autre pour toujours et ceci quelles que soient les circonstances. Dans cette troisième haftara consacrée au « réconfort », le prophète va plus loin encore : Il n’est pas permis aux enfants d’Israël de se plaindre d’être délaissés par Lui et de douter de Son amour quand ils ne font pas eux-mêmes un geste prouvant que, de leur côté à eux, cet amour est toujours aussi vivace. Cette preuve, ils peuvent la fournir seulement en faisant confiance à l’amour de Hachem, en venant le cueillir à sa source, en ce lieu qu’Il a lui-même orné et agrémenté pour y accueillir Israël. Les enfants d’Israël doivent faire l’effort de revenir d’eux-mêmes sur leur terre, où Hachem lui-même est de retour et où Il attend le peuple qu’il aime.

Par un jeu de mots audacieux, nos Sages ont remplacé dans le verset 13 de notre texte le mot בָּנַיך  –   banayikh  – « tes enfants ») par celui de בוניך  –  bonayikh  –  « tes constructeurs »), ceci afin de nous faire comprendre que, selon ce verset, sont à considérer comme de véritables disciples de Hachem tous ceux qui participent à la reconstruction de la Terre sainte, quels que soient par ailleurs le degré et l’intensité de leur vie spirituelle et de leurs pratiques religieuses.

Ceux qui répondront ainsi à Son appel n’auront rien à craindre en ce lieu, « Aucun instrument forgé contre eux ne les atteindra », car Il y assurera lui-même leur protection et leur survie.

Enfin, c’est sur cette terre seulement qu’ils pourront trouver le « réconfort » véritable. Encore faut-il, qu’en échange, ils soient prêts, pour jouir de ce viatique spirituel offert gracieusement per Hachem, à abandonner leur poursuite de biens uniquement matériels. Ce sont ces richesses, en effet, qui empêchent la fin de leur exil. Ils paient cher, parmi les nations, pour un « aliment » qui ne les nourrit pas quand, près de Hachem, sur leur terre, gratuitement, leur âme elle-même peut trouver sa délectation (D’après le rabbin Jean SCHWARZ).

Jacques KOHN Zal