Question : Nous savons tous que Haman était un racha’ . Or, nous apprenons dans la Haggada de Pessa’h que la façon de nous comporter envers un racha’ consiste à lui « frapper les dents ». Pourquoi Mardochée n’a-t-il pas frappé les dents de Haman ?

Réponse : Selon le Targoum ( Esther  5, 9), Mardochée et Haman entreprirent ensemble un jour un voyage au cours duquel les vivres de Haman virent à lui manquer. En échange du pain que lui donna Mardochée, Haman accepta de devenir son esclave. Or, d’après la Tora ( Chemoth  21, 27), lorsqu’un maître frappe son esclave et lui fait tomber une dent, celui-ci devient automatiquement affranchi. Voilà pourquoi Mardochée, qui tenait à garder son esclave à son service, ne l’a pas frappé aux dents.

Question : Pourquoi le nom de Wayzatha , le dixième fils de Haman, est-il écrit avec un waw allongé ( Esther  9, 9) ?

Réponse : Lorsqu’un Juif possède dix animaux, de gros ou de menu bétail, il a l’obligation selon la halakha de les faire passer sous une perche, et le dixième sera considéré comme ma?assèr behèma (« dîme animale ») et donné au kohen ( Wayiqra  27, 32). Mais si le dixième animal réussit à s’enfuir, son propriétaire n’a pas l’obligation de le remettre au kohen . Les kohanim de Suse considéraient les fils de Haman comme des animaux. Aussi l’un de ces kohanim est-il venu chez celui-ci et lui a intimé l’ordre, puisqu’ils étaient au nombre de dix, de lui en remettre un comme ma?assèr behèma . Haman s’est exécuté et il a fait passer tous ses dix fils sous une perche. Mais lorsque s’est présenté Wayzatha , Haman s’est accroché à lui et a essayé de le faire s’enfuir. Le kohen , de son côté, a saisi Wayzatha pour le faire passer sous la perche. C’est ainsi que le dixième fils de Haman a été écartelé, ce que symbolise le waw allongé de son nom.

Question : Il est écrit : « Le treizième jour du mois we-noa’h » ( Esther  9, 17). Que vient faire ici Noé ?

Réponse : Lorsque Haman manifesta devant sa femme sa colère contre Mardochée, celle-ci lui conseilla de dresser à son intention une potence de cinquante coudées ( Esther  5, 14). Après avoir cherché en vain une pièce de bois d’une telle longueur, Haman se souvint que Noé, lorsqu’il avait construit l’arche, avait utilisé des poutres de cinquante coudées ( Berèchith  6, 15). Il se présenta chez lui, et demanda qu’il lui prête une telle poutre. « Que veux-tu en faire, demanda Noé ? – Je veux y pendre Mardochée. – Pas question que je te la prête ! Mardochée est un tsaddiq !». Les deux hommes s’agrippèrent l’un et l’autre à une poutre, Haman cherchant à la traîner vers lui, et Noé à la retenir. Mais Haman était plus jeune, donc plus robuste. Il eut donc le dessus et réussit à entraîner la poutre et Noé jusque dans la Meguila .

Question : Il est écrit ( Esther  9, 19) : « ? où l’on s’envoie des portions ich le-rè?èyou (Littéralement : « un homme à son ami »). Que vient faire ici le mot ich, apparemment superflu ?

Réponse : Un hérétique qui vouait une solide animosité au rabbin de sa ville, car il le ridiculisait sans cesse, décida de lui rendre la pareille un jour de Pourim . Pour exécuter la mitswa de « l’envoi de portions », il alla acheter du foie haché auquel il donna la forme d’un porc, et il le fit porter sur un plateau au rabbin. Au reçu de ce cadeau inattendu, le rabbin prit une de ses propres photos, la déposa sur le plateau et la réexpédia à son « ami » avec la note suivante : « J’ai été longtemps préoccupé par un mot de la Meguila apparemment superflu. A propos des « portions » que l’on doit s’envoyer les uns aux autres, le texte nous invite à le faire ich le-rèèyou . Pourquoi cette précision ? Grâce à votre amical envoi, j’ai enfin réussi à comprendre : Ce que veut nous dire la Meguila , c’est que les présents que l’on s’envoie doivent définir le ich , c’est-à-dire le type de personne que l’on est. Vous avez très scrupuleusement exécuté la mitswa , puisque vous m’avez envoyé une description de votre personne. J’en fais autant à mon tour, et le portrait que je vous envoie sera pour vous une description de la mienne. »

Question : La mitswa de faire un repas et de s’enivrer à Pourim est-elle prescrite par la Tora ou par les rabbins ?

Réponse : Il est écrit qu’Abraham « fit un grand festin le jour où fut sevré ( beyom higamèl ) Isaac » (Berèchith  21, 8). De ce verset nous pouvons déduire que la mitswa de faire un repas et de s’enivrer à Pourim est de la Tora . Les lettres qui forment le mot higamèl sont en effet les mêmes que celles de meguila . Cela nous montre que ce festin a eu lieu à Pourim , puisqu’il a été impossible à Abraham de savoir la différence entre higamèl et meguila. Mais alors, pourquoi le verset se termine-t-il pas le mot « Isaac » ? Quel rapport Isaac a-t-il avec la lecture de la Meguila  ? C’est pour nous apprendre une halakha importante au sujet de Pourim . On sait que l’on sonne le chofar à Roch hachana pour rappeler le « sacrifice » d’Isaac. Or, nous avons appris qu’on ne le fait pas lorsque Roch hachana tombe un Chabbath ( Roch hachana  29b). C’est pourquoi il en est de même pour Pourim : On ne lit pas la Meguila  lorsqu’il tombe un Chabbath .

Question : Pourquoi ne récite-t-on pas de Qaddich après la lecture de la Meguila  ?

Réponse : Haman a été pendu en nissan ( Ibn Ezra ad Esther 3, 11), et ses fils l’ont précédé sur la potence la veille de Pourim . Aussi n’est-il plus resté personne pour dire un Qaddich .

Question  : Doit-on réciter la birkath ha-gomel après avoir volé sur un avion d’El-Al ?

Réponse : Selon Rabbi Anan, dans ses Hilkhoth El-Al , ceux qui voyagent en avion n’ont pas à réciter la birkath ha-gomel après leur vol. Il est en effet statistiquement prouvé que l’avion est plus sûr que l’automobile. Or, a-t-on jamais entendu dire que quelqu’un ait récité gomel après avoir roulé autour de Tel Aviv ? Rabbi Mazon est d’un avis contraire, mais seulement après un vol où un repas a été servi : « Cette prière est prévue pour ceux qui survivent au repas, pas au vol » ( Hilkhoth ha-mazon ). La règle ne s’applique cependant qu’à ceux auxquels leur rav a permis de prendre l’avion. Car il est écrit : « Les cieux appartiennent à Hachem , et la terre Il l’a donnée aux fils de l’homme » (Psaumes 115, 16). D’où il résulte qu’il est interdit, en principe, de voyager en avion.

Jacques KOHN Zal