Nous sommes la seule religion au monde qui débute son année en commémorant la création de toute l’humanité sans aucune distinction !

Il existe à ce sujet une controverse dans le Talmud, dans le traité Roch Hachana 10b, concernant la date de la création du monde et donc de l’homme.
Selon Rabbi Yehochou‘a elle a eu lieu au mois de Nissan.
Mais selon Rabbi Eliézèr la Création de l’homme a eu lieu au mois de Tichri et nous la commémorons chaque année à Roch Hachana. .(Adam serait né à la fin du premier jour de Roch Hachana voir Tossefot Traité Roch Hachana 8a « litekoufot »)

Quel rapport y a-t-il entre la création de l’homme et le « Début de l’année » ?

Roch hachana, kol baei ‘olam ‘ovrim lefanaw ki-venei marom traité roch Hachana daf 18a (« tous ceux qui sont venus au monde passent devant Lui comme un troupeau », c’est-à-dire l’un après l’autre).
A Roch Hachana, chaque créature passe devant Hachem individuellement comme s’il était seul au monde…
Hachem étudie chacun des actes de toutes Ses créatures : « é‘had é‘had », chacun individuellement se présente seul. Il prend chacun d’entre nous et Il le juge seul.
C’est le jour où l’homme, Adam ha-richone, était « ye‘hidi », seul, unique, alors chaque Roch Hachana, l’homme revient à cet état premier, ye‘hidi.
Hachem le juge face à Lui-même, comme au jour de sa naissance, Il regarde ce qu’il y a en chacun de nous, avec toutes nos qualités et nos défauts.
Hachem vérifie si le comportement de chaque homme a été en adéquation avec le potentiel qui lui a été livré lorsqu’il est venu au monde, et tout le monde passe devant Lui, en ya‘hid.
On veut retrouver dans chaque homme toute la tsourat ha-adam, le moule qui a individualisé l’homme, l’Homme par excellence. On l’habille des « vêtements » de l’homme : Adam qui a été créé seul.
On exige de chacun d’entre nous qu’il remplisse le rôle de la création de l’homme et donc du monde.
Il est nivra ye‘hidi, et donc doit être capable de supporter tout le poids du monde comme s’il était Adam ha-richone !!
Chaque ya‘hid, chaque individu est devenu tsibbour, responsable du monde entier.
Chaque homme doit savoir que pendant ces jours-là, il devient responsable de ses actes à l’échelle universelle.

Nos Sages nous apprennent que l’on ne récite pas le Hallel les jours de Roch hachana. Pour quelle raison, demande rabbi Abahou ?
Serait-il possible, lui répond-on, que nous, êtres humains, alors que le Saint béni soit-Il tient ouverts devant Lui les livres de jugement, chantions les Psaumes de Hallel, qui sont une expression d’allégresse, au lieu de trembler et d’implorer Son pardon ?

Pourtant l’optimisme doit régner

Il est rapporté dans le Tour que l’on doit, la veille de Roch hachana, se comporter comme on le fait en une veille d’un Yom tov : On s’y prépare dans la joie, on revêt de beaux habits, on se fait couper les cheveux…
Comment concilier cet enseignement avec celui selon lequel on doit s’attendre, ce jour-là, à être incessamment jugé ? Devrions-nous tant nous préoccuper de notre aspect extérieur ?

Cette sorte d’inquiétude ne fait pas partie des préoccupations du peuple d’Israël : Il est assuré d’avoir droit à un miracle, il pressent que son jugement aboutira à son acquittement. Les deux journées qui vont s’ouvrir seront donc, pour lui, ainsi que nous l’apprennent certains Richonim, des jours de joie.
Mais sur quels critères se sont appuyés ceux-ci pour pouvoir affirmer aussi péremptoirement qu’il se produira un tel miracle ? Ne sommes-nous pas sur le point d’être jugés, et ne devons-nous pas nous attendre au pire ?

Et pourtant, nous devons faire abstraction de l’ouverture devant Lui des livres de la vie et de la mort. Nous ne devons pas craindre d’apprendre qui vivra et qui mourra… Il nous faut au contraire nous préparer, nous vêtir avec élégance, nous faire couper les cheveux, comme pour un jour de fête.

Remarquons qu’un seul individu ne peut pas, dans les affaires humaines, introniser à lui seul un roi. Pour qu’il y ait une monarchie, il faut que tout un clan la veuille.
Mais nous, en ces jours de Roch hachana, nous lisons chacun individuellement les malkhouyoth, cette tefila qui proclame Hachem comme Roi. Car chacun de nous est jugé seul tout en représentant du monde entier.

La communauté juive ne peut pas être dans la détresse chez la totalité de ceux qui la composent. Nous ne serons jamais entièrement détruits, étant données la promesse, l’alliance (berith) que nous tenons de Hachem et selon lesquelles le monde ne sera pas détruit.

Voilà pourquoi chaque individu, qui est à lui seul un monde entier en ces jours redoutables, espère qu’il bénéficiera d’un miracle.
Ketiva vehatima tova !

Rav Dov Roth-Lumbroso