« Car cette loi que Je t’impose en ce jour, elle n’est ni trop ardue pour toi, ni placée trop loin (…). Non, la chose est tout près de toi : tu l’as dans la bouche et dans le coeur pour pouvoir l’observer ! », (Dévarim 30, 11-14).

Ce verset mérite quelques explications : n’est-il pas au contraire indéniable aux yeux de chacun que le respect des mitsvot est une chose difficile ? De
plus, que signifie la fin du verset : « Tu l’as dans la bouche et dans le coeur » ?

Dans la célèbre Haftara intitulée « Chouva », le prophète Ochéa proclame : « Reviens Israël jusqu’à l’Éternel ton D.ieu ! (…) Armez-vous de paroles et revenez à D.ieu », (14, 2-3). Or, il convient de comprendre quelles sont justement ces « paroles » dont nous devons nous armer. En fait, ce verset pourrait s’expliquer par la parabole suivante…

Un indigent aborde dans la rue un richissime personnage et lui expliquant sa situation financière, il l’implore de lui venir en aide : « Peut-être auriez-vous la bonté de me prêter une somme d’argent ? Grâce à votre soutien, je pourrais certainement rétablir ma situation matérielle et apporter un peu de réconfort à ma famille… ». Ému par son plaidoyer, l’homme riche explique au pauvre qu’il ne dispose pas de beaucoup de temps pendant la journée, mais il lui fait la promesse que s’il se présente à son domicile, le soir à 7 H, il fera de son mieux pour lui venir en aide.

Au soir, le généreux homme s’empresse de rentrer chez lui pour accueillir son protégé, mais toute la soirée passe sans que ce dernier se manifeste. Le lendemain, les deux hommes se croisent à nouveau dans la rue et le pauvre réitère sa demande : « Si vous daignez m’accorder ne serait-ce qu’un prêt, je pourrais ouvrir une affaire et gagner ma vie ! ». La réponse, cette fois-ci, ne se fait pas attendre : « Je vous ai pourtant attendu hier soir, et vous n’êtes pas venu ! ». Clément, le riche personnage propose néanmoins à son ami de venir au soir le trouver chez lui où il pourra lui remettre une somme substantielle. A l’heure dite, notre homme s’empresse comme la veille de rentrer chez lui pour ne pas faire patienter son invité. Mais la soirée passe, et celui-ci ne vient toujours pas…

Le troisième jour, les deux hommes se croisent à nouveau et, comme si de rien n’était, le pauvre reformule une fois de plus sa requête : « Grâce à vous, ma famille entière pourrait revivre ! ». Mais cette fois-ci, la réponse est nettement plus sèche et catégorique : « Voilà deux jours que je vous invite à venir chez moi avec la promesse de répondre à vos besoins. Or, vous ne daignez pas même vous déplacer jusqu’à mon domicile ! Assurément, votre nonchalance signifie que vous n’avez pas réellement besoin de cet argent autant que vous l’affirmez ! ».

Il ne fait aucun doute, disait le ‘Hafets ‘Haïm, que les arguments du riche sont dans ce cas parfaitement justifiés. Or en y réfléchissant à deux fois, nous nous apercevrons que nous-mêmes agissons envers notre Créateur exactement de la même manière que ce pauvre…

Chaque jour dans nos prières, nous implorons D.ieu en disant : « Notre Père notre Roi, pour la gloire de Ton Nom (…), prends-nous en pitié et introduit dans notre coeur le discernement pour comprendre, percevoir, étudier et enseigner (…) toutes les paroles de Ta Torah avec amour », (seconde bénédiction précédant le Chéma du matin). Dans la Amida également, nous formulons une prière semblable : « Donnenous la grâce la sagesse, l’entendement et le savoir », puis plus loin : « Qu’Il daigne ouvrir notre coeur à l’étude de Sa Torah », (passage « Ouva léTsion »). Ces différentes prières expriment notre désir ardent d’étudier et de comprendre la Torah. Or face à ce genre de requêtes, il ne fait aucun doute que le Saint béni soit-Il désire et aspire à répondre favorablement : nous Lui demandons en effet simplement de nous permettre d’obéir à Sa volonté. Mais malheureusement, ces supplications s’effacent de notre esprit aussitôt la prière terminée… Car nous entrons ensuite subitement dans le vif du quotidien et ne donnons pas même l’occasion à ces prières de se réaliser…

Sans même que nous nous en rendions compte, nous implorons chaque jour D.ieu « d’éclairer notre regard par la Torah » puis invariablement, nous reprenons nos activités comme si de rien n’était…

En réponse à cette attitude routinière et guère responsable, le prophète proclame : « Reviens Israël ! Armez-vous de paroles ! » – autrement dit : emportez avec vous vos prières, souvenez-vous de ce que vous avez demandé à D.ieu et il sera alors certain que vous pourrez vous repentir !

Dans cette optique, nous pourrons également mieux comprendre le verset cité en exergue : « La chose est tout près de toi ! » – Certes, mais à quel moment ? Si elle occupe effectivement la même place « dans votre coeur que dans votre bouche ». Car c’est en priant avec conviction et en étant convaincu du sens et de la profondeur de ses propres prières qu’elles se réaliseront ! En revanche, si à aucun moment nous ne sommes déterminés à mettre nos prières en application, se réalisera alors certainement cette triste prophétie : « Tu es près de leur bouche, et loin de leur coeur ! », (Jérémie, 12, 2).

« Chem Olam », Tome I, chapitre 20.
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