Comme à l’époque des ‘Hachmonaïm, où la lumière de la Ménora permit de repousser l’obscurité grecque, ainsi de nos jours, les bougies de la ‘hanoukia nous illuminent avec la lumière de la Torah.

Les lumières de la ‘hanoukia, hormis la mitsva qu’elles constituent, symbolisent la Torah, puisque l’huile est elle-même un symbole de sagesse. A ‘Hanouka, la lumière de la Torah put ainsi briller et repousser l’obscurité grecque, car ces deux forces sont liées par leur opposition, l’une dans la sainteté et la seconde dans l’impureté. Pendant cette fête, l’aura de la Torah se révèle à nous et nous éclaire.
En cette période, la lumière de la Torah est si intense que même les personnes les plus éloignées de ses valeurs – ceux qui sont en-deçà des dix téfa’him – peuvent la ressentir. A cet égard, il convient de se renforcer tout particulièrement dans l’étude de la Torah pendant ces jours, comme l’écrit le Chlah HaKadoch : « Cette période est plus propice que toute autre pour faire preuve d’assiduité dans l’étude. Malheureusement, par nos grandes fautes, les gens consacrent ces jours aux futilités… »

Le don de la Torah orale
Le « défenseur du peuple juif », Rabbi Lévi Its’hak de Berditchev invite le peuple juif à se renforcer dans l’étude pendant ces jours particuliers : « Le miracle essentiel [de ‘Hanouka] fut que les Grecs cherchèrent à nous éloigner de la Torah, et le Saint béni soit-Il, dans sa grande bonté, nous sauva de cette menace (…). Il convient donc que tout Juif accorde une importance particulière à l’étude assidue de la Torah divine, car ces jours sont propices à cela. (…) Car à chaque ‘Hanouka, la Torah nous fait bénéficier de ses lumières… »

Plus loin, le maître de Berditchev nous met en garde contre les mauvais emplois de ces jours particuliers : « J’ai appris que de nos jours, par nos grandes fautes, une brèche a été ouverte, (…) alors que des hommes gaspillent leur temps en jouant aux cartes, sans voir le mal de cette pratique ; (…) mais sachez qu’à chaque “carte“ avec laquelle on joue, est associée une épaisse écorce d’impureté, qu’il ne convient même pas de décrire (…). C’est pourquoi, mes frères, je vous prie instamment (…) il est bien préférable d’employer ce temps à étudier la Torah, et alors, la lumière du miracle vous éclairera. »

Rabbi Ména’hem Na’houm de Tchernobyl, dans son Maor Enaïm, nous éclaire davantage sur la mitsva spécifique à cette fête : « ‘Hanouka est un moment propice pour se rapprocher de D.ieu par le biais de la Torah, comme du temps de Matityahou, où les Grecs rendirent impures toutes les huiles – c’est-à-dire toutes les sciences – et il ne resta alors qu’une seule petite fiole d’huile pure – à savoir la Torah. »
Selon Rabbi Avraham de Trisk, ‘Hanouka est également la fête où le peuple juif accepta la Torah orale : « De même que Chavouot est la fête du Don de la Torah écrite, ‘Hanouka est la fête du Don de la Torah orale ; car de même que la première tombe pendant le troisième mois de la saison estivale, la seconde tombe pendant le troisième mois de la saison hivernale. (…) C’est pourquoi à ‘Hanouka, le peuple juif devra prendre sur soi de se consacrer à l’étude de la loi orale, en acceptant le joug divin, et de la sorte, il s’attirera à lui la lumière de D.ieu béni soit-Il… »
On rapporte ainsi que Rabbi Baroukh de Mezibouz témoignait à son propre sujet qu’il atteignait, à ‘Hanouka, le même niveau spirituel qu’à Chavouot, car ces deux fêtes tombent pendant le troisième mois consécutif à la nouvelle saison.

Les nuits de ‘Hanouka
L’allumage des bougies à ‘Hanouka est capable d’ouvrir l’esprit et le cœur à la Torah, leur lumière peut susciter de formidables illuminations chez chaque être humain. A cet égard, les grands maîtres de la ‘Hassidout préconisèrent de s’absorber à l’étude aussitôt après l’allumage, de sorte à concrétiser l’effet des bougies de ‘Hanouka.
Voici ce qu’on peut lire à ce sujet dans le ‘Hidouché HaRim : « Après l’allumage des bougies de ‘Hanouka, il faut étudier la Torah car la mitsva est une bougie et la Torah une lumière, particulièrement lorsque la mitsva consiste en un allumage… »

Le Maguid de Kozhnitz demanda un jour à un homme si, après avoir terminé de prier, il réessayait de comprendre les passages de son étude qu’il n’avait pas saisis avant sa prière. En effet, après avoir demandé à D.ieu de nous « faire grâce de la sagesse », la moindre des choses pour qu’une prière puisse fonctionner est d’y croire soi-même, en la mettant à l’épreuve.

De même pour les bougies de ‘Hanouka : si nous croyons véritablement que leur lumière est celle de la Torah, nous devons aussitôt nous consacrer à son étude, pour éprouver cette nouvelle lumière sensiblement.

Allumer avec sagesse
Le ‘Hatam Sofer également accordait une très haute importance à l’étude pendant ‘Hanouka. Il écrit d’ailleurs à ce sujet que de nombreux secrets se révélèrent à Moché Rabbénou précisément pendant cette période (Minhagué ‘Hatam Sofer).
L’auteur du Avné Nézer de Sokhotchov soutient même qu’il convient, avant de procéder à l’allumage des bougies, de s’efforcer d’innover une idée inédite dans son étude (‘hidouch). On raconte que l’Avné Nézer demanda un jour à l’un de ses disciples s’il avait découvert une idée nouvelle avant d’allumer les bougies. Et lorsque ce dernier lui répondit par la négative, le maître répondit : « S’il en est ainsi, tu as allumé comme un simple am haarets ! »
Il est dit enfin que la mitsva des lumières de ‘Hanouka est valable « jusqu’à ce que les passants cessent de fréquenter la rue ». Autrement dit, expliqua le Imré ‘Haïm de Vizhnitz, les bougies de ‘Hanouka renferment les plus profonds secrets de la Torah, et l’on ne peut y accéder que si l’on s’y consacre en cessant « de fréquenter la rue » – c’est-à-dire en s’abstenant de se divertir et de se promener, pour se confiner dans les quatre coudées de la Halakah.
Par Yonathan Bendennnoune,
Adapté à partir d’un article du rav Moché Reiss, pour Hamodia en hébreu.