Le vieux cimetière juif de Kazimierz Dolny, en Pologne, où est enterré notamment le Kuzmir Rebbe, fondateur d’une dynastie hassidique, a été profané par les Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Après l’invasion de la ville, en 1940, les occupants allemands ont contraint les Juifs de la communauté locale d’en extraire les pierres tombales pour les utiliser à la construction de routes.

Avant la Guerre, la ville de Kazimierz Dolny était une plaque tournante importante du commerce et plus de la moitié de sa population était juive. Mais l’invasion nazie a tout détruit et presque tous les Juifs polonais ont été massacrés.

Le nom juif de la ville est Kuzmir et elle a vu la naissance de la dynastie hassidique fondée par Rabbi Yehezkel Taub (1773-1856). L’actuel Kuzmir Rebbe est le Rav Pinhas Moshé Taub, frère de l’actuel Modzitzer Rebbe.

Pendant des années, les Hassidim de Modzitz, qui ont perpétué la lignée du Kuzmir Rebbe, ignoraient l’emplacement des tombes juives. C’est grâce à une enquête menée discrètement, à leur demande, par l’organisation J-nerations (Dor Ledor), spécialisée dans la récupération des biens juifs en Pologne, qu’ils ont appris il y a cinq ans que l’ancien cimetière devait devenir très prochainement le terrain de football d’une nouvelle école. Par ailleurs, il s’est avéré qu’une partie du bâtiment se trouvait sur le cimetière.

Des Hassidim, dont certains sont des descendants directs du Rav Yehezkel Taub, ont fait le voyage jusqu’à Kazimierz pour aller se recueillir sur sa tombe. Mais l’endroit est difficilement accessible et ils doivent payer un gardien pour avoir le droit de pénétrer sur le terrain et dire quelques prières. Quand ils peuvent entrer, ils déposent sur le sol un tissu de velours avec des inscriptions hébraïques, et s’épanchent avec émotion sur ce lieu.

Pour pouvoir récupérer les lieux, est-il indiqué dans un reportage de la télévision israélienne, les Hassidim se sont adressés à l’organisation ‘J-neration’ et par son intermédiaire, ils ont pris contact avec un archéologue polonais qui a examiné le sous-sol pour la municipalité. Il s’est alors avéré que la mairie savait depuis le début où elle construisait.

L’architecte a révélé que le terrain de jeux de l’école s’étendait essentiellement sur le cimetière et que ses limites étaient indiquées avec un trait rouge sur la carte. Chez l’archéologue, les Hassidim ont découvert des photos de squelettes et d’ossements que la municipalité a tout simplement recouverts. Ils ont ensuite déposé une plainte, demandant que l’école située sur le cimetière juif ne soit pas ouverte.

Leur première rencontre avec le maire de Kazimierz a eu lieu début juin. Les Hassidim ont alors expliqué qu’ils ne pouvaient pas se recueillir à l’emplacement de la tombe du Rav Yehezkel et ont insisté sur le fait que ‘le cimetière était un terrain privé appartenant aux familles des défunts et parmi elles les descendants du Tsadik’.

Le maire a alors répondu qu’il n’était pas seul à décider et qu’il devait consulter son conseil municipal. Un nouveau rendez-vous a donc été pris avec les représentants de J-nerations qui devaient s’entretenir avec les différents responsables du projet.

La prochaine réunion a eu lieu fin juin. Les délégués de J-nerations, précise le site Kikar Hashabat, sont venus avec leurs conseillers juridiques et ont proposé diverses solutions, accompagnées d’offres d’aides pour la construction d’un terrain de jeux à un autre emplacement, mais les discussions n’ont pas abouti.

Finalement, ajoute Kikar Hashabat, ‘il a été clairement exposé à la direction de la ville et au maire que sans accord ou sans perspective de solution satisfaisante, l’organisation se sentait libre d’agir par tous les moyens dont elle dispose pour empêcher l’ouverture de l’école et obtenir la restitution du cimetière à ses propriétaires en s’appuyant sur la loi polonaise’. Le dossier a été confié aux avocats de de J-nerations et des plaintes ont déjà été déposées, conclut Kikar Hashabat.