Dans le cadre de ses cours de dames donnés chaque année à Jérusalem, le Gaon Rav Hayim Pin’has Scheinberg zal analyse les facettes du problème que soulève d’une part la multitude des tâches qui incombent aux maîtresses de maisons à l’approche de Pessa’h, au niveau de leur « chasse au Hametz », et d’autre part l’obligation clairement définie dans la Tora de vivre Pessa’h dans la joie. Car enfin cette joie est-elle vraiment accessible à celles qui seraient sursaturées de fatigue par les fameuses « maneuvres de printemps » que constituent les nettoyages avant Pessa’h

En fait, il ne saurait être question de frelater en aucune manière les usages auxquels de tous temps on s’est conformé, pour parvenir à la certitude que tout ‘hametz a effectivement été évacué.

Mais ce qu’il conviendrait peut-être de promouvoir, c’est que l’on étudie les lois de Pessa’h concernées par les nettoyages, un peu avant que n’arrive la fameuse saison des nettoyages elle-même . Il est possible pour cela de prévoir des groupes d’études, ou bien d’étudier individuellement chez soi. Grâce à cela, on aura le temps d’évaluer à l’avance la meilleure stratégie à adopter, peut-être en mettant l’accent sur les exigences de la Hala’ha, et en étant un tout petit peu moins obsédée par le souci de « nettoyages de printemps » au sens où ceux-ci n’ont pas de rapport avec la « chasse au «’hametz », telle que la conçoit la hala’ha. Il reste néanmoins que la propreté est de mise, la poussière n’est certes pas du ‘hametz, mais elle risque bel et bien d’en être la cachette.

Il peut exister des préparatifs autres que ceux du ménage, qui pourraient être entrepris plus à l’avance, pour éviter qu’on soit débordé par la multiplicité des tâches qui surgissent toutes à la fois.

Par exemple, l’achat des denrées alimentaires « cachères al Pessa’h » peut être programmée intelligemment. Le problème que soulève leur stockage jusqu’à Pessa’h peut lui aussi trouver sa solution, en cumulant l’ingéniosité avec de la bonne volonté.. Je profite de cette occasion pour souligner qu’on n’a vraiment pas besoin d’acheter tous les produits qui sont cachères. Ces dernières années, les étalages des magasins offrent une diversité exagérée de marchandises et incitent le public à vouloir acheter plus qu’il ne faut. Il faut raisonnablement évaluer les besoins, et ne pas être obsédé par la crainte de « mourir de faim » à Pessa’h.

Autre exemple, une des manières de faire sentir la joie de Yom Tov aux enfants consiste à leur acheter pour Yom Tov précisément, les vêtements dont ils ont besoin. Néanmoins, il n’est pas nécessaire de faire ces achats au tout dernier moment.

Enfin, il faut trouver les moyens de ne pas sombrer dans toutes ces tâches, comme cela risque d’être le cas chez celles qui n’y voient que les seules tâches, je veux dire les efforts physiques et d’organisation qu’elles impliquent. Il est nécessaire de penser à ce que Pessa’h représente pour nous. Il faut que dès les premiers préparatifs, on se réjouisse de bientôt fêter Pessa’h. Il faut qu’on se réjouisse d’être sortis d’Egypte, d’avoir été les témoins et les bénéficiaires des plus grands miracles de l’histoire et d’avoir été choisis pour recevoir la Tora au Sinaï. Car c’est vers tout cela que les difficiles préparatifs de Pessa’h nous conduisent.

Dans la mesure où toutes les facettes de notre comportement sont déterminantes pour que nos enfants et notre entourage soient attirés par Pessa’h et ses préparatifs, il est important que nous vivions et Pessa’h et ses préparatifs dans la joie. Car ce n’est que ce que nous vivons dans la joie, qui sera ainsi rendu désirable aux yeux de nos enfants et de nos amis tout autour de nous.

Dans la guemara Sota (11/b), nous apprenons que c’est en récompense des femmes méritantes, « nachim tsadkaniyoth » de cette génération que nos ancêtres sont sortis d’Egypte. Les exemples par lesquels cette guemara illustre cet enseignement sont saisissants. La piété et le dévouement de ces femmes ne connaissent vraiment pas de bornes. On trouve réunis chez elles un niveau remarquable de fidélité à leurs maris, fidélité construite sur un niveau particulièrement élevé de spiritualité et sur une dose d’ingéniosité imperturbable ; en même temps que des initiatives ignorant à tel point toute sensation de fatigue, que des miracles se produisaient quotidiennement chez elles. Ces miracles les confirmaient dans leurs convictions, et renouvelaient leurs énergies. Lorsque, par exemple, elles allaient puiser de l’eau, Hachem leur procurait à volume égal de l’eau et de petits poissons. La nourriture de leur famille était ainsi miraculeusement assurée.

Lorsque s’annonce la saison des préparatifs de Pessa’h, chaque femme juive doit se sentir fière de ce qu’à sa manière, à son niveau et à son époque, elle trouvera là l’occasion d’être une digne descendante des femmes par le mérite desquelles nos ancêtres sont sortis d’Egypte. Qui dit que la venue du Machiyah ne sera pas, elle aussi, hâtée par le mérite des femmes juives d’aujourd’hui ; celles qui se sentent fières et heureuses de persévérer dans des efforts qui rappellent ceux qui ont introduit la Sortie d’Egypte.

Généralement, on a l’habitude de souhaiter à ses parents et à ses amis « Pessa’h cachère vessameya’h ». Quant à moi, c’est dans ce sens que je vous souhaite sincèrement : « préparatifs de Pessa’h et Pessah cachère vessameya’h ».

Par Rav Hayim Yacov Schlammé