Parachath A?harei moth ? La mort des fils d’Aaron

Le premier verset de la parachath A?harei moth ( Wayiqra 16, 1) a suscité de nombreuses interrogations de la part des commentateurs. Parlant de la mort des fils d’Aaron, Nadav et Avihou, ce verset la situe « dans leur approche ( bekorvatham ) devant Hachem  ».

Pourquoi la Tora emploie-t-elle ici un substantif, alors les autres versets qui parlent de la mort de Nadav et Avihou emploient les verbes «  ils approchèrent » ( wayaqrivou ) ( Wayiqra  10, 1) et « lorsqu’ils approchèrent » ( be-haqrivam ) ( Bamidbar  3, 4) ?

En fait, explique Rabbeinou Be?hayé ( ad Wayiqra  16, 1), le destin de Nadav et Avihou était déjà scellé depuis l’époque du don de la Tora au mont Sinaï, ainsi qu’il est écrit : «  Et vers les nobles des enfants d’Israël Il n’a pas envoyé Sa main? » ( Chemoth  24, 11), d’où l’on apprend, comme l’explique Rachi , qu’ils auraient mérité qu’Il « envoie » Sa main sur eux, c’est-à-dire qu’Il les fasse mourir, pour L’avoir « regardé avec une effronterie qui leur venait d’avoir mangé et bu ». Leur crime a été de s’approcher ( bekorvatham ) de la divinité, bien avant d’approcher ( wayaqrivou ) un feu profane.

Cependant, le verdict divin n’a pas été exécuté immédiatement, afin de ne pas troubler la joie des enfants d’Israël d’avoir reçu la Tora .

Voilà pourquoi la Tora revient, dans Wayiqra 16, 1, sur la faute première de Nadav et Avihou en employant à leur égard une expression qui rappelle le premier de leurs sacrilèges, celui de s’être approchés de Hachem .

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Haftarath parachiyoth A?harei moth et Qedochim ? Une visite chez Ezéchiel

Dans le rite séfarade, la haftara de parachath Qedochim (et des parachiyoth A?harei moth et Qedochim lorsqu’elles sont jumelées) est empruntée au prophète Ezéchiel.

Le chapitre 20 de ce prophète, d’où elle est tirée, rapporte une visite rendue au prophète par « des hommes d’entre les anciens d’Israël » venus consulter Hachem .

Pour comprendre l’enjeu de cette visite, il convient d’en rappeler le cadre historique.

Onze ans avant la destruction du premier Temple, les Chaldéens ont procédé, sous les ordres de leur roi Nabuchodonosor, à ce que l’on a appelé l’exil des « charpentiers et forgerons » (II  Rois 24, 14 ; Jérémie 24, 1), c’est-à-dire des élites religieuses et spirituelles du royaume de Juda.

Le roi Yehoyakhin (également appelé Yekhonia ? voir Esther 2, 6) ainsi que le prophète Ezéchiel ont fait partie des exilés.

On considère généralement ce premier exil comme un bienfait pour Israël . Après la destruction du Temple, il ne restait plus en Erets Yisraël que le commun du peuple. Lorsque, à son tour, il a été exilé, il put ainsi trouver à Babylone des structures d’accueil favorisant son retour vers Hachem .

Dans la haftara , le prophète rappelle à ses visiteurs que déjà leurs ancêtres s’étaient rebellés contre Hachem et qu’ils L’avaient repoussé. Leurs descendants ayant persisté dans leur insoumission, ils subiront donc les conséquences de leur révolte et de leur désobéissance.

Et si jamais ils devaient avoir la tentation de quitter complètement l’autorité de Hachem pour se livrer à l’idolâtrie, qu’ils sachent que « ce qui leur monte en l’esprit ne se réalisera pas » (20, 32 ? hors haftara ). Autrement dit, l’élection du peuple d’Israël est irrévocable, et nous n’avons pas la possibilité d’y renoncer.

Jacques KOHN.