Le recensement de la tribu de Lévi indique une population de 22 000 âmes (Bamidbar 3, 39), un chiffre sensiblement inférieur à celui de la moins nombreuse des autres tribus, Manassé, qui en comptait 32 200 (1, 35).

La raison en est, explique Ramban/Nahmanide (ad 3, 14), que la tribu de Lévi n’a pas été soumise par les Egyptiens, contrairement aux autres, à des travaux forcés (Tan‘houma Waèra 6), de sorte que ses souffrances ont été moins insupportables.

Or, nous savons que, plus les Egyptiens opprimaient les enfants d’Israël, plus ceux-ci se multipliaient (Chemoth 1, 12 et 22).

La tribu de Lévi, en revanche, qui était moins persécutée, s’est développée normalement et sans connaître la prolifération dont ont bénéficié les autres.

Une autre raison proposée par Ramban est « la colère du vieillard », c’est-à-dire la punition prononcée par Jacob contre Siméon et Lévi (Berèchith 49, 5), qui eut pour conséquence que la croissance de ces deux tribus a été plus modeste que celle des autres.

Peut-être aussi, comme le suggère le rabbin Elie Munk (La voix de la Thora, vol. IV p. 24), si Amram s’est séparé de sa femme par crainte des conséquences de l’ordre de Pharaon visant à noyer tous les garçons nouveau-nés, cette crainte était-elle plus forte chez les membres de la tribu de Lévi, vu qu’ils étaient affranchis des travaux et qu’ils tenaient à conserver leurs enfants en vie. Cette argumentation explique que la population de cette tribu n’a crû en Egypte qu’à un régime réduit et qu’elle ne s’est vraiment développée que plus tard.

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Haftarath parachath Bamidbar – La volte-face de Hachem

Tandis que le prophète Osée, dans le premier chapitre de son livre, compare son sort personnel, à lui qui a épousé une prostituée et dont il n’est pas certain de la légitimité des enfants qu’elle lui a donnés, avec celui du peuple d’Israël, « qui  s’est entièrement prostitué en abandonnant Hachem », le deuxième chapitre, à la plus grande partie duquel est empruntée la haftara de la parachath Bamidbar, célèbre la réconciliation des enfants d’Israël avec leur Dieu : « Le nombre des enfants d’Israël sera comme le sable de la mer, qui ne se peut mesurer ni dénombrer ; et il arrivera que, au lieu qu’il leur soit dit : Vous n’êtes pas mon peuple, il leur sera dit : Fils du Dieu vivant » (Osée 2, 1).

Comment comprendre cette volte-face de Hachem, se demandent nos Sages (Sifri parachath Balaq 1) ?

Et de répondre par une parabole :

Un roi, pris d’un accès de colère contre sa femme, décida de la répudier et chargea un scribe de préparer un libelle de répudiation.

Quelque temps après, il regretta sa décision et décida de ne pas lui donner suite.

Cependant, comme il ne voulait pas renvoyer le scribe les mains vides, il le chargea de rédiger une nouvelle ketouba dans laquelle il doublait les engagements financiers qu’il avait pris envers la reine.

Il en a été de même, expliquent les Sages, avec Israël : Après avoir demandé au prophète Osée de réprimander sévèrement ses contemporains, Hachem s’est ravisé et a chargé celui-ci de les bénir, et c’est ainsi que les mots : « Vous n’êtes pas Mon peuple » (1, 9) sont devenus au verset suivant : « Le nombre des enfants d’Israël sera comme le sable de la mer… »

Jacques KOHN zal.