Hachem parla à Moché au mont Sinaï en disant. (25, 1)Rav Chelomo Bloch, qui fut un proche disciple du ‘Hafets ‘Hayim, a rapporté l’explication suivante au nom de son Maître.

Un enseignement moral de grande importance nous est livré par ce verset: «Hachem parla à Moché au mont Sinaï…» Le Saint béni soit-Il, Roi et Maître de l’univers, est tout simplement descendu dans le monde terrestre, matériel et méprisable, pour nous transmettre les lois de Sa Tora. A quoi cela ressemble-t-il? A un roi humain qui quitterait son palais fastueux pour se rendre, avec tout le cérémonial de cour, dans un petit village délaissé. Cette venue du souverain et de son proche entourage ne contraindrait-elle pas les villageois à déployer tous les efforts possibles pour exprimer leur respect et leur allégeance au monarque? Celui-ci aurait renoncé à sa résidence glorieuse et somptueuse pour s’établir dans leur modeste hameau!

Voilà pourquoi, poursuit Rav Chelomo Bloch, les lois de Chemita («année chabbatique de la terre») font directement suite au verset rapportant que «Hachem a parlé à Moché au mont Sinaï». L’observance de ces règles requiert une grande force de caractère et une profonde foi, au point que nos Sages ont désigné ceux qui les respectent comme des êtres guiborei koa‘h, «d’une force puissante». C’est pourquoi, afin de nous mettre face à notre obligation d’observer tous les commandements, y compris ceux qui posent le plus de difficultés, la Tora a juxtaposé la mitswa de Chemita à ce verset chargé de ce message moral sans pareil.…au mont Sinaï… (25, 1)

Pourquoi l’épisode du blasphémateur – dans le dernier chapitre de la paracha précédente – est-il suivi de la mention du mont Sinaï?

C’est au mont Sinaï que tout Israël avait entendu la prohibition (Chemoth 20, 7): «tu n’invoqueras pas le Nom de Hachem, ton Dieu, en vain…» explique le Ba‘al ha-Tourim, et le monde entier avait alors tremblé. Cet homme aussi l’avait entendu, mais il n’y a pas pris garde.

On peut également expliquer cette juxtaposition en citant l’enseignement talmudique selon lequel «les Sages transmettaient à leurs élèves [la juste prononciation et la signification] du Nom de quatre lettres une fois tous les sept ans» (Qiddouchin 71a). Voilà pourquoi cet épisode est suivi des lois de Chemita: «six années, tu ensemenceras ton champ […] et à la septième année, ce sera pour le pays un Chabbath de repos» (versets 3-4).

 

Quel rapport existe-t-il entre les lois de Chemita et le mont Sinaï? se demande également le Sefath Emeth.

Et ce Maître de répondre: Selon l’enseignement de nos Sages (Avoth 4,9), «celui qui accomplit [les commandements de] la Tora dans la pauvreté finira par les observer dans l’opulence.» Quand un homme connaît les privations et le dénuement, il doit faire preuve d’une foi et d’une confiance en Hachem suffisamment puissantes pour ne pas devenir obsédé par les richesses et l’aisance matérielles qui lui manquent si cruellement. De son côté, celui qui jouit du confort et de la richesse en ce monde doit déployer des efforts continuels pour ne pas devenir orgueilleux et ne pas oublier que tout ce qu’il possède lui vient de Hachem, Créateur et Maître du monde. Comme l’affirme le roi Chelomo (Michlei 30, 8-9): «Ne me donne ni pauvreté ni richesse […] car, dans la satiété, je pourrais Te renier en disant: “Qui est Hachem?”» Voilà pourquoi nos Sages ont affirmé: «celui qui accomplit la Tora dans la pauvreté…» et qui a surmonté cette épreuve sans que son dénuement ne porte atteinte à son observance des mitswoth, Hachem le fera accéder à la richesse, tout en lui assurant qu’il traversera également avec succès cette épreuve, sans qu’il en vienne à demander: «Qui est Hachem?»

C’est ainsi qu’Il a dirigé les enfants d’Israël durant leur séjour dans le désert: «Il t’a affligé, Il t’a affamé» (Devarim 8, 3), ce afin de les préparer à affronter également l’épreuve de l’opulence, et de leur permettre ainsi de s’adonner à la Tora et de l’observer en Erets Yisrael.

Tel est également le principe qui sous-tend le commandement de la Chemita: L’homme ne doit jamais faire du travail de la terre et de ses moyens de subsistance sa première préoccupation et l’objectif fondamental de son existence. Quand il aura observé dûment l’année de Chemita avec toutes ses lois, et qu’il aura surmonté avec succès cette épreuve de la «pauvreté» – après six années de travail agricole – il méritera, durant les six années suivantes, de pouvoir s’adonner à la Tora et «de l’observer dans l’opulence».

 

Selon le Beith Yisrael, il existe une autre raison pour laquelle la Tora a introduit les lois de Chemita en affirmant que Hachem a parlé à Moché au mont Sinaï. L’un des principes soulignés par la Chemita est qu’il n’y a pas de place pour la question: «que vais-je manger?», Hachem nous ayant promis (infra verset 21): «J’ordonnerai Ma bénédiction pour vous».

Il en va de même pour la Tora en général. On ne doit jamais se demander: «Comment me sustenterai-je si je me consacre à la Tora?» Nos Sages ont affirmé (Avoth 3, 5): «Celui qui accepte le joug de la Tora, on le décharge […] du joug de son gagne-pain». Non seulement Hachem lui fournira sa subsistance, mais les fruits et bénéfices procurés par son travail seront en totale conformité avec la Tora et n’entraîneront aucun dommage.