Pour ceux qui évoluent quotidiennement dans le monde de la Torah, la fête de Chavouot ne s’est en fait pas terminée. Elle nous accompagne de son intense présence et trace même la voie du futur ! Par contre, pour tous ceux qui n’ont pas eu la chance d’aborder la fête à son haut niveau spirituel, ce « moment » du calendrier hébraïque est derrière eux et ils l’ont oublié.

La Michna rapporte ainsi qu’il existe quatre qualités chez ceux qui se rendent à la maison d’étude – le Bet hamidrach : celui qui s’y rend et agit est un ‘hassid ; celui qui y va et n’agit pas sera  » récompensé  » pour son déplacement ; celui qui agit, mais n’y se rend pas sera  » gratifié  » pour son action ; mais celui qui n’y va pas et n’agit pas est un  » mécréant « . (Maximes des Pères 5, 14) Or, en quoi ce dernier compte-t-il parmi ceux qui ont un quelconque lien avec la maison d’études, puisqu’il ne s’y rend pas et n’accomplit pas les mitsvot ? Rabbi Yossef Chlomo Kahaneman zatsal, l’illustre rav de Poniovitch, répond à cette question grâce à la parabole suivante, en forme de récit… Daniel, un étudiant de sa yéchiva, semble passer par une période difficile : il ne comprend pas clairement ce qu’il étudie, il sent que ses prières sont énoncées de manière superficielle, et, en un mot, il broie du noir… Une dépression qui lui donne envie d’abandonner la yéchiva et de quitter le monde de la Torah. Il ferme donc sa Guémara, sort dans la ville, et au premier coin de rue, il rencontre ce fameux personnage de la Michna : celui qui ne va même pas au Bet hamidrach et qui n’agit pas… Daniel voit de quoi il a l’air, s’enquiert de ce qu’il cherche en ce monde et de ce que sont ses valeurs. Alors, une immense vague de repentir le submerge, et il s’en retourne bien vite à la yéchiva… C’est donc bel et bien grâce à ce personnage qualifié par nos Sages de  » mécréant  » que Daniel est resté plus lié que jamais au monde de la Torah. Il est donc logique qu’une telle personne  » négationniste  » figure quand même sur la liste de ceux qui ont un lien avec la Torah… C’est ainsi qu’à l’issue d’un séminaire organisé pour des Juifs laïcs, lors duquel le  » point d’orgue  » des débats fut la mise en exergue du repentir authentique, rabbi Yaacov Galinski s’approcha d’une personne hirsute qui étudiait passionnément un texte du Talmud et lui demanda : « Selon vous, quelle étude a plus de valeur au Ciel : la vôtre, ou celle d’un ba’hour yéchiva à Bné-Brak ? » Or à sa grande surprise, la réponse fut : « L’étude d’un ba’hour yéchiva ! » Rav Galinski le pria de s’expliquer, et le hippie lui répondit : « Je connais bien la rue avec toutes ses tentations. Je sais que ce ne sont que des mirages vides de sens et dépourvus de la moindre valeur ! Il est donc logique que j’opte pour l’étude de la Torah. Mais le ba’hour yéchiva, quant à lui, n’est jamais sorti de là, et il peut fort bien s’imaginer que la rue qui scintille dehors pourrait lui procurer aussi d’autres ‘valeurs’. Et pourtant, il persévère et continue d’étudier… »

Par Chalom C