Moché a officié comme grand prêtre pendant les sept premiers jours de l’inauguration du Tabernacle. Quand Hachem s’était révélé à lui dans le Buisson ardent, explique le Ba’al ha-Tourim, il avait refusé pendant sept jours la mission dont Il voulait le charger. Il méritait donc d’accomplir le service pendant sept jours seulement.

Et les anciens d’Israël. (9, 1)
Rabbi ?Aqiva a enseigné : « Israël est comparé à un oiseau. De même que celui-ci ne peut voler sans ses ailes, de même Israël ne peut-il rien accomplir sans ses anciens » (Wayiqra Rabba 11, 8).
Cette similitude établie spécifiquement pour Israël, note Rav ?Hayim Shmulevitz, montre que, par leur nature même, les nations diffèrent profondément de notre peuple.

Contrairement à celui-ci, elles peuvent agir et fonctionner sans « leurs anciens », ce qui n’a rien de blâmable et ne constitue pas un défaut.

De même que les animaux non volatiles sont à même d’accomplir dûment leurs missions sans ailes, et que celles-ci leur seraient totalement inutiles, de même les nations du monde peuvent-elles remplir leurs rôles sans « anciens ». Mais Israël, quant à lui, est comparé à un « oiseau » : s’il perd ses ailes, il est privé d’un élément vital et se retrouve dans un état plus grave que les autres animaux, car il ne peut même plus marcher.
Telle est la nature profonde de notre peuple : Nous détacher de nos « anciens » nous fait perdre notre principe vital et nous rend incapables d’?uvrer.

Il dit à Aharon : « Prends-toi un veau, issu du gros bétail, pour expiatoire. » (9, 2)

Explication de Rachi : « Pour lui faire savoir que le Saint béni soit-Il, par ce veau-là, lui a pardonné l’affaire du veau d’or à la fabrication duquel il avait participé. » Or, dans la parachath Tetsawé, à propos de l’injonction relative à l’investiture des kohanim : « prends un taureau, issu du gros bétail, et deux béliers » (Chemoth 29, 1), Rachi explique également que c’était « pour faire expiation du péché du veau d’or, qui était un bovin ».
Dans ces conditions, Aharon n’avait-il pas déjà été pardonné pour sa participation ? Pourquoi lui enjoindre, ici encore, d’apporter un sacrifice à cet effet ?

Il fallait pour cela deux expiatoires, explique le Maharil Diskin. Les taureaux et les béliers ? de la parachath Tetsawé ? avaient été prélevés sur la propriété collective. Ils étaient destinés à obtenir le pardon général pour le péché du veau d’or à l’attention des kohanim, afin de pouvoir les introduire dans leurs fonctions. En revanche, le veau que Aharon a dû apporter ici était le sien, et devait lui permettre de se faire pardonner sa participation personnelle à la confection du veau d’or. Bien qu’il ait agi alors pour sanctifier le Nom de Hachem, et dans l’espoir de faire traîner les choses en longueur afin que les enfants d’Israël ne sombrent pas dans l’idolâtrie, son acte requérait encore l’absolution.
Cette interprétation peut être déduite du Texte. Alors que dans Chemoth, Aharon avait reçu pour ordre : « leqa?h, prends? » il lui est ordonné ici : « qa?h lekha, prends-toi? », c’est-à-dire de ce qui t’appartient, et non de ce qui est à la communauté.

Ainsi comprenons-nous les explications de Rachi : Le taureau de l’investiture était « pour faire expiation du péché du veau d’or » ? considéré sous son aspect général ? alors que le veau de notre verset était destiné « à pardonner l’affaire du veau d’or à la fabrication duquel ?il avait participé?. »

Il dit à Aharon : « Prends-toi un veau, issu du gros bétail, pour expiatoire. » (9, 2)

Moché lui dit : « Aharon, mon frère, bien que l’Omniprésent ait consenti à pardonner tes péchés, donne encore quelque chose au Satan pour le faire taire. Envoie-lui un présent avant d’entrer dans le Sanctuaire, de crainte qu’il ne te haïsse lorsque tu t’y introduiras » (Sifra).
Pourquoi le Satan chercherait-il encore à intervenir quand Aharon entrerait dans ses fonctions ?
Sur le verset (infra 16, 8) « et un sort pour le [bouc envoyé à] ?Azazel », le Ramban commente : « Il est explicitement indiqué dans les Pirqei de-Rabbi Eli?ézèr qu’il fallait soudoyer Samael [Satan], le jour de Kippour, afin qu’il ne fasse pas annuler les sacrifices [d’Israël], comme il est écrit : ?un sort pour Hachem, et un sort pour ?Azazel? ? le bouc ?pour Hachem? étant un holocauste, et celui ?pour ?Azazel? un expiatoire chargé de tous les péchés d’Israël, ainsi qu’il est écrit (Wayiqra 16, 22) : ?le bouc portera sur lui toutes leurs iniquités??

Mais le Saint béni soit-Il a ordonné que, le jour de Kippour, on envoie un bouc dans le désert pour apaiser le représentant céleste des lieux de désolation. Il sied de le lui donner en présent ; il est le maître du désert et y règne, et par son pouvoir s’abat la désolation. Son lot parmi les nations est ?Essaw, héritier de l’épée et des guerres, et dont la portion parmi les animaux est le bouc (sé’ir)? »

L’enseignement précité du Sifra, ainsi que le commentaire de Na?hmanide se fondent sur la Tora. Quand Ya?aqov envoya son présent à ?Essaw, il se dit (Beréchith 32, 21) : « Je l’apaiserai par l’offrande qui va devant moi, et après, je verrai son visage. » Le Ramban explique (sur Beréchith 33, 15) que cette narration de la rencontre entre notre patriarche et son frère, et des divers procédés qu’il a employés en vue de ces dangereuses retrouvailles est une préfiguration de la conduite qu’il nous faudra adopter dans nos tribulations de l’exil. Quand nos Sages devaient se rendre à Rome, à la cour royale d’Edom, pour engager des pourparlers avec les autorités, ils étudiaient ce récit de la Tora afin de suivre la voie tracée par notre aïeul.

La ‘Hafets ‘Hayim ajoute : Si les membres actifs de notre génération voulaient bien comprendre cela ! Si les médiateurs et intercesseurs en tous genres saisissaient qu’il ne faut pas provoquer les nations et les combattre, et si, bien au contraire, ils étudiaient cette paracha de l’exil et avaient à c?ur de suivre l’exemple de notre sage ancêtre, ils réussiraient dans leurs entreprises et, assurément, la situation d’Israël parmi les nations n’en serait que meilleure? »