Le yiddish est loin d’être une langue morte. Ce dialecte savoureux témoin d’une époque révolue était parlé par les deux-tiers des Juifs du monde, dans les communautés d’Europe centrale, avant qu’elles ne soient totalement décimées par les massacres des Nazis, pendant la Seconde Guerre mondiale.

Aujourd’hui encore, le yiddish reste vivant pour de nombreuses familles d’Israël et de diaspora. Il connait en outre un regain d’intérêt dans les milieux artistiques, intellectuels et universitaires où il est redécouvert et étudié.

Par ailleurs, ces dernières années, le ministère israélien du Tourisme a constaté une hausse de 40 % du nombre de Juifs orthodoxes qui viennent passer leurs vacances dans le pays et certains d’entre eux demandent que les visites guidées se fassent en yiddish.

Pour répondre à leur attente, il a pris une initiative assez inédite : former des guides parlant yiddish. Le premier d’entre eux, Yehiel Haraz, 42 ans, qui exerce déjà la profession en hébreu, vit dans la localité juive orthodoxe de Betar Ilit. Il vient d’achever sa nouvelle formation et a passé son examen avec succès.

Pour le ministère du Tourisme, l’enjeu n’était pas simple: non pas à cause du manque de guides capables de s’exprimer dans cette langue mais plutôt parce qu’il ne disposait pas d’un nombre suffisant d’examinateurs. L’un d’entre eux a tout de même fait l’effort d’étudier à fond la langue et il a donc été en mesure de tester le premier guide parlant yiddish.

C’est le ministre du Tourisme en personne, Yariv Levin, qui a décerné son diplôme à Yehiel Haraz. A cette occasion, Levin a déclaré : « Cela fait partie d’un processus visant à promouvoir le tourisme orthodoxe et à inciter le ministère du Tourisme à s’adapter aux besoins d’une très large communauté qui était jusqu’à présent mise à l’écart et qui obtient à présent l’attention qu’elle mérite ». Il a ensuite précisé que ‘ce tourisme avait permis à Israël d’enregistrer des gains considérables au cours de l’année écoulée’.

De son côté, Yehiel H’araz a tenu à souligner que parmi les touristes qu’il accompagnait se trouvaient notamment des leaders spirituels et même des membres de la Hassidout Satmar. « Je leur affirme que je suis un grand sioniste et je leur fais aimer Israël », a-t-il ajouté. Et de préciser : « Je leur dis que c’est le seul endroit pour les Juifs parce qu’il est à nous ».