« Celui qui regarde les trois choses suivantes, ses yeux s’affaiblissent : l’arc-en-ciel, le « prince » (נשיא), et les kohanim (pendant qu’ils récitent la bénédiction sacerdotale – Voir Kitsour Choul‘han ‘aroukh 100, 10). »

Cet enseignement de la Guemara (‘Haguiga 16a) présente une difficulté, soulevée par Aboudraham au nom de son maître, le Roch : Il est une mitswa de réciter une berakha à la vue de l’arc-en-ciel (ברוך אתה ה’ אלוקינו מלך העולם זוכר הברית, נאמן בבריתו וקיים במאמרו). Mais comment peut-on la réciter s’il n’est pas permis de regarder cet arc-en-ciel ?

En réalité, explique le Roch, la Guemara emploie une expression (המסתכל בקשת עיניו כהות) totalement étrangère à la simple vision (ראיה). Ce qui est interdit, ce n’est pas de voir, et donc de regarder, mais le regard doit rester furtif et ne pas s’attarder.

Ce que l’arc-en-ciel, le « prince » et les kohanim ont en commun, c’est qu’ils sont représentatifs de la présence divine (Maharcha ad Berakhoth59a). Voilà pourquoi ils ont tous droit à la même attitude de respect.

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Haftarath Noa‘h – Chabbath roch ‘hodèch

« Les cieux sont Mon trône, et la terre le marchepied de Mes pieds… » C’est par ces mots que commence la haftara que l’on récite à Chabbath Roch ‘hodèch (Isaïe 66, 1).

Ils sont au centre d’une controverse qui oppose dans le Midrach (Berèchith rabba 1, 15 ; voir aussi ‘Haguiga 13a) l’école de Hillel à celle de Chammaï sur le point de savoir si ce sont les cieux qui ont été créés en premier ou bien la terre.

Selon l’école de Hillel, la création de la terre a précédé celle des cieux. En effet, professe-t-elle, lorsqu’un roi se fait construire un palais, il commence par les étages inférieurs et il ne bâtit qu’ensuite les étages supérieurs. Il est écrit d’autre part que « Hachem a jadis fondé la terre, et que les cieux sont l’ouvrage de Ses mains » (Psaumes 102, 26) : d’abord la terre, et seulement ensuite les cieux.

L’école de Chammaï considère au contraire que la création des cieux a devancé celle de la terre, D’abord parce qu’un roi, lorsqu’il se fait confectionner un trône, ne se fait fabriquer un marchepied que plus tard. Ensuite parce que l’ordre des mots dans le verset cité d’Isaïe 66, 1 donne le pas au cieux sur la terre.

Une conciliation de ces deux points de vue est cependant proposée par rabbi Chim‘on bar Yo‘haï, pour qui cieux et terre sont aussi indissociables qu’une marmite et son couvercle. Il est écrit de plus : « Moi je les appelle : [cieux et terre] se tiennent là ensemble » (Isaïe 48, 13).

Jacques KOHN Zal