Les premiers versets de la parachath Michpatim instituent un système d’« esclavage » totalement révolutionnaire par rapport aux autres législations en honneur dans l’Antiquité, système qui le fait ressembler davantage à un « contrat de travail à durée déterminée » qu’à une véritable servitude. La haftara attachée à cette paracha (Jérémie 34, 8 à 22 et 33, 25 à 26) rapporte une péripétie survenue peu avant la destruction du premier Temple, et qui nous montre comment ce système a été complètement dévoyé de ses fins au fil des siècles. Déjà à l’époque d’Achab, roi d’Israël, il était fréquent que des créanciers impitoyables réduisent en esclavage les débiteurs insolvables et leurs enfants (Voir Haftarath parachath Wayèra). Environ deux siècles plus tard, et c’est le sujet de la haftara de la parachath Michpatim, les Chaldéens font le siège de Jérusalem, quatre ans avant celui qui s’achèvera par la destruction du premier Temple. Dans l’espoir d’être sauvés, les habitants de la ville obéissent à l’ordre donné par Hachem par l’intermédiaire de Jérémie d’affranchir leurs esclaves juifs. Cependant, le siège ayant été levé et le danger ayant été écarté, ils les ont à nouveau assujettis. C’est alors que la colère de Hachem éclata : « Vous ne M’avez point écouté pour proclamer la liberté chacun à son frère, et chacun à son prochain ; voici, Je proclame, dit Hachem, la liberté contre vous à l’épée, à la peste, et à la famine ; et Je vous livrerai pour être chassés çà et là par tous les royaumes de la terre » (Jérémie 34, 17). Et c’est ainsi que la catastrophe redoutée se produisit, cette fois pour de bon, quatre ans plus tard…