Après que le peuple d’Israël ait reçu la Torah, D.ieu dit à Moché : « Va, dis-leur de regagner leurs tentes ! » (Dévarim, 5, 26) Les Bné Israël doivent donc accomplir les commandements qu’ils viennent d’entendre, et ils le font avec foi, bien qu’ils soient seuls dans leurs tentes…

Nos Sages rapportent (Traité talmudique ‘Haguiga, page 15) que les murs et les poutres de chaque logis viendront témoigner, le jour voulu, de ce qu’ils ont vu, comme il est dit : « Oui, la pierre dans le mur crie [contre toi], et le chevron, dans la charpente, lui donne la réplique » (Habacuc, 2, 11).
Le maguid rabbi Chabtaï Youdlévitch zatsal raconte à ce propos la parabole suivante…

Lors d’une tournée en Amérique, il arriva dans une synagogue où l’on devait célébrer deux jours plus tard la Bar-mitsva du fils du président de la communauté. Rabbi Chabtaï réussit à accrocher le jeune garçon pour une brève conversation en tête-à-tête dans laquelle il lui expliqua avec douceur que celui qui, durant toute sa vie, s’enveloppe avec le talit pour la première fois le jour de sa Bar-mitsva et, pour la seconde fois… au jour de son enterrement, n’est pas un Bar-mitsva, mais plutôt un Bar-avéra ! Mais le rav remarqua toutefois que ses sages paroles tombèrent dans l’oreille d’un sourd…
Lors de la cérémonie de sa Bar-mitsva célébrée le lundi soir, rabbi Chabtaï fut prié par le président de dire quelques mots. Il se lança dans un monologue très affable dans lequel il exhorta le public à respecter la cacherout et les mitsvot. D’un ton dramatique, il exposa comment le « jour du jugement », même les assiettes et les couverts viendront témoigner pour chacun de la cacherout des aliments servis toute une vie durant.
Le président se leva alors et ricana avec effronterie devant le maguid en s’exclamant : « Comment une cuillère pourrait-elle ainsi ‘témoigner’… ? » Rabbi Chabtaï ne perdit pas son sang-froid : il s’empara d’une cuillère qu’il mit dans sa poche et il invita le public à se rendre jeudi matin à la synagogue, au début de la prière, car la cuillère qu’il venait d’empocher « viendra d’elle-même raconter ce qu’elle a vu… »
Le lendemain matin, mardi, rabbi Chabtaï vint à la synagogue, aida le jeune Bar-mitsva à mettre les téfilin pour la première fois, puis après la prière, il rappela à tous que le surlendemain, jeudi à 7 h 30 précises, la cuillère « parlera »…
Jeudi matin, rabbi Chabtaï arriva à la synagogue qui était pleine à craquer. Tous voulaient voir – où plutôt entendre ! – la fameuse cuillère surnaturelle. Rabbi Chabtaï s’approcha du jeune Bar-mitsva et lui demanda s’il avait mis le talit et les téfilin mardi et mercredi…
Le jeune effronté répondit par l’affirmative ! Rabbi Chabtaï lui demanda alors de se parer du talit. Le jeune garçon sortit le talit de sa pochette, et lorsqu’il le déplia pour s’en envelopper, la cuillère tomba du talit… face aux yeux ébahis du public.
« Je vous l’avais dit !, déclara alors rabbi Chabtaï. Cette cuillère est venue d’elle-même, et elle a témoigné. Le pauvre garçon n’a pas mis les téfilin pendant deux jours. C’est en effet moi qui ai déposé la cuillère lundi, lorsque je l’ai aidé à plier son talit et ses téfilin… »

Par Chalom C.