Le néder [le vœu] et la chevoua [le serment] sont deux notions proches. Elles sont toutes deux énoncées au début de notre paracha : « Si un homme fait un vœu à l’Eternel, ou s’impose par un serment quelque interdiction à lui-même, il ne pourra violer sa parole : tout ce qu’a proféré sa bouche, il devra l’accomplir » (Bamidbar 30, 3).

Le néder consiste à générer une nouvelle interdiction, par les paroles de sa bouche. En substance, lorsqu’un homme déclare qu’il s’interdit de manger tel aliment ou qu’il s’interdit de fumer pendant telle période, il déclare ces produits « semblables à des sacrifices ». Par le pouvoir que nous possédons de consacrer des biens au Temple, nous pouvons aussi imposer à tout élément les qualités d’un sacrifice, pour s’en interdire la jouissance. Par un néder, nous pouvons également nous engager – positivement – à réaliser une chose avec un objet. C’est ainsi que l’on peut s’engager par un néder à manger un morceau de pain ou à offrir une certaine somme à une synagogue. En clair, le néder consiste à implanter un devoir ou un interdit sur un objet donné.
La chevoua, bien que semblable, consiste en un tout autre processus. Il s’agit là d’engager sa propre personne à réaliser une action. La chevoua ne s’applique pas sur un objet mais au contraire, sur la personne engagée. De ce fait, lorsqu’un homme s’engage à ne pas dormir ou à ne pas parler, il ne peut le faire qu’à l’aide d’un serment, puisqu’il n’y a là aucun objet sur lequel le néder pourrait s’appliquer. En clair, le néder s’applique aux « objets », alors que la chevoua s’applique aux « sujets ».

Expressions à risque
Les nédarim sont plus présents dans notre quotidien que l’on pourrait le croire. Certaines expressions renferment implicitement des formulations de vœu ou de serments, et il convient donc de les éviter.
Le cas le plus courant concerne l’engagement à accomplir une mitsva. On peut lire dans le Talmud : « Celui qui dit à son ami : ‘Levons-nous demain tôt pour étudier ce chapitre’ sera tenu de respecter sa parole » (Nédarim 8/a). Le Ran explique que par cette décision, la Guémara nous apprend que dans le domaine des mitsvot, tout engagement est égal à un vœu formulé en bonne et due forme, même si l’on n’y mentionne aucune expression énonçant un vœu. De ce fait, les décisionnaires notent qu’en déclarant simplement : « Je donnerai telle somme à la synagogue », cette promesse fait force d’un véritable néder.
C’est la raison pour laquelle il faut s’habituer à dire « bli néder » [sans faire de vœu] avant chaque promesse liée à une mitsva. En outre, il faut prendre en considération le fait que même des promesses anodines et a priori profanes, renferment souvent une certaine forme de mitsva (Choul’han Aroukh Yoré Déa 213).
Une autre expression qu’il convient d’éviter est : « BéEmet » [en vérité]. En effet, de nombreux décisionnaires soutiennent que ceci revient à formuler un véritable serment, dans la mesure où le mot « Emet » est l’un des Noms divins, comme on le voit de ce verset : « L’Eternel D.ieu est Vérité » (Chout Zéra Emet II 99). Or, nous savons combien il faut se préserver des serments, même pour dire une vérité authentique. Bien que certains décisionnaires se montrent moins rigoureux à ce sujet, notamment du fait que cette expression est passée dans le langage courant et qu’elle ne renferme généralement plus aucune connotation de serment, il reste cependant préférable de l’éviter.
Enfin, il convient également de savoir qu’une expression comme « sur ma vie ! » ou « sur la vie d’untel » peut également être considérée comme une forme de serment (ce point fait également l’objet d’une discussion entre les décisionnaires). On peut l’apprendre de ce verset où D.ieu s’exclame après la rébellion des explorateurs : « Par Ma Vie et aussi vrai que l’Eternel remplit toute la terre, jamais ces hommes ne verront ce pays ! » (Bamidbar 14, 21). Par ailleurs, même les avis pour qui cette expression ne suppose pas un serment, considèrent qu’il convient, en tout état de cause, d’éviter de la formuler (Birké Yossef ibid. 229).Par Yonathan Bendennnoune