Le maître ou l’enseignant ne peut transmettre à l’enfant que des connaissances brutes. Vous seuls, parents, pouvez lui apprendre à parfaitement les mettre en pratique. Pour cela, votre foyer doit d’abord devenir un lieu privilégié où le service de D. s’accomplit dans la joie, avec un dévouement total. C’est à la maison que l’enfant pourra voir, dans la vie quotidienne, le soin et la méticulosité qu’il convient d’apporter à la pratique des mitsvoth, et la joie que procure l’accomplissement des enseignements emmagasinés à l’école !

La Tora nous ordonnant de raconter la sortie d’Egypte à nos enfants, nous dit : « Ce jour-là, tu expliqueras à ton fils… (Chemoth 13, 8). Ce jour-là : c’est-à-dire lorsqu’arrive le moment d’accomplir la mitsva et que la matsa et le maror se trouvent sur la table devant vous. A ce moment, vous seuls, parents, vous trouvez près de votre enfant…

Après avoir enseigné à l’enfant l’aspect technique des mitsvoth, l’école ne peut guère faire davantage que le préparer à s’imprégner de l’exemple vivant de ses parents. Ceux-ci lui montrent alors comment accomplir les mitsvoth en pratique : eux seuls peuvent faire germer la graine enfouie au fond du cœur de chaque enfant. Si le père ne joue pas son rôle, s’il ne souligne pas, par ses paroles et par ses actes, la sainteté de ce que le maître a enseigné, si son attitude n’a pas de quoi convaincre l’enfant que les mitsvoth sont d’une actualité immuable et que c’est une joie de pouvoir les accomplir et de se dévouer pour elles, tous les efforts investis par le maître, à l’école, auront été futiles.

C’est sur le visage du père que l’enfant décèle l’amour que celui-ci porte à la mitsva. Peut-on vraiment croire qu’un discours ou des ordres puissent servir de substitut à l’image du père levant la coupe de vin pour réciter le qidouch ? Des paroles peuvent-elles remplacer l’expression de son visage et la ferveur de sa voix lorsqu’il récite la bénédiction ou que, soulevant les pains des deux mains, il remercie D. d’avoir « fait sortir le pain de la terre » ? Ces images sont infiniment plus puissantes pour l’enfant que toutes les paroles qu’il aura entendues par ailleurs. Pénétrant jusqu’au fond de son être, elles lui insuffleront le désir d’observer lui aussi les mitsvoth dans la joie et avec le plus grand sérieux. Le discours le plus éloquent d’un orateur charismatique n’exercera pas une influence aussi profonde sur un enfant que les paroles et les gestes de son père.

Lorsque vous êtes en famille, donnez à vos enfants toutes les occasions possibles de partager avec vous la joie d’accomplir les mitsvoth afin de leur faire goûter aux plaisirs spirituels et de leur apprendre à en jouir. Le bonheur d’être Juif et de perpétuer la tradition retirera tout leur attrait aux amusements bon marché que la rue leur propose, et leur communiquera un sentiment de mépris à l’égard des plaisirs triviaux. D’eux-mêmes, ils éviteront la fréquentation de personnes grossières qui n’ont pas d’aspiration plus élevée que de satisfaire leurs instincts primaires.

L’enfant, en vous observant, doit vous voir servir Hachem dans la joie. Il doit voir que vous éprouvez la même sérénité à accomplir une mitsva qu’à vous abstenir de commettre une transgression. Il doit sentir que les interdictions de la Tora ne sont pas, pour vous, des restrictions difficiles à assumer mais que chacune apporte au contraire son plein sens à la vie et vous assure le bonheur.

Si vous voyez vos enfants traiter à la légère un des commandements de la Tora, n’hésitez pas à leur laisser voir la peine que cela vous fait : laissez votre douleur éclater au grand jour ! Ne craignez pas de leur montrer que le judaïsme et l’attachement de vos enfants à ses valeurs ont plus de poids pour vous que toute autre chose au monde. Prouvez-leur, par la joie que vous manifestez quand vous vous apprêtez à accomplir une mitsva, que vous désirez servir Hachem en vous investissant de la même façon et avec la même chaleur et le même enthousiasme que pour mener à bien vos projets personnels. Qu’il soit évident pour vos enfants que seuls ce service et cette joie ont une valeur réelle à vos yeux. Montrez-leur qu’ils représentent votre seule aspiration et que vous ne visez aucun autre objectif dans la vie. De cette façon, ils ne penseront jamais que vous avez moins de peine s’ils traitent un commandement de D. à la légère, que s’ils refusent de vous écouter ou de vous obéir. Ils se rendront compte que votre seule et unique aspiration est de les voir devenir des Juifs pieux et intègres, et que rien au monde ne peut remplacer ce désir ou vous faire relâcher vos efforts pour leur faire atteindre ce but…

 

Tiré du livre « Etre Parent et Reussir » du Rav Buchner  à partir des enseignements du Rav S.R Hirsh sur l’éducation. Disponible dans toutes les librairies juives.