« Hachem te maintiendra comme Sa nation sainte, ainsi qu’Il te l’a juré, tant que tu garderas les commandements de l’Éternel, ton D.ieu, et que tu marcheras dans Ses voies », (Dévarim, 28, 9).

La paracha Ki Tavo retrouve chaque année toute son actualité à l’approche de la fête de Roch Hachana et de la nouvelle année hébraïque. En effet, elle met généreusement l’accent sur la merveilleuse récompense divine qu’il est possible d’obtenir pour une vie juive authentique, chaleureuse, pleine de crainte et d’amour pour Hachem, mais aussi pleine d’égards et d’attention pour nos semblables.

Puis elle nous confronte avec une longue liste d’effrayantes malédictions pour celui qui n’obéirait pas à Hachem. Et ceci, au moment même où à chaque début d’année Hachem juge chacun et chacune de nous, et définit notre avenir pour la nouvelle année qui s’annonce.

Hachem nous élève « au-dessus des nations »

Dans son ouvrage « Oznayim Latorah », le rav Zalman Sorotzkin zatsal explique que le seul accomplissement des commandements de Hachem nous élève directement à un niveau supérieur à celui des autres nations : « Il te rendra supérieur à toutes les nations de la terre » (voir chapitre 28, verset 1). Or, si l’on aspire à dépasser le simple accomplissement des mitsvot et que l’on marche « dans Ses voies » en s’inspirant à chaque pas de notre vie des qualités divines en consolant les endeuillés, en visitant les malades, en secourant les nécessiteux et en vivant dans la sainteté – car Hachem est Saint -, alors les autres peuples nous vénéreront et nous craindront.

La supériorité acquise par l’accomplissement des mitsvot est certes fort honorable, mais elle inspire souvent aux nations de la jalousie, un esprit de concurrence, voire une sombre volonté de nous exterminer afin d’effacer toute trace de cette noblesse qui leur fait défaut…

C’est pour cela qu’il importe tellement que notre vie soit fondée sur des « middot tovot », ces qualités humaines dont Hachem nous donne Lui-même l’exemple par Sa bonté infinie. C’est bel et bien là ce qui s’appelle « marcher dans les voies divines ». Car si nous parvenons à ce stade, les nations nous craindront véritablement et nous pourrons assumer notre vocation le plus pacifiquement du monde. Et Hachem nous ouvrira alors les vannes de Son grenier céleste, ce qui apportera des pluies bénéfiques à notre terre et de la prospérité à tous les efforts de nos mains.

Tentons de nous inspirer de l’Unicité de Hachem

Rav Pinkus zatsal souligne aussi que l’une des qualités par lesquelles Hachem se distingue, c’est son Unicité : Il est Un et Unique. Il existait avant de créer le monde ; Il existera après la fin du monde. Il n’a besoin de personne ! Quant à nous, c’est tout le contraire : nous avons besoin du soutien de la société dans laquelle nous vivons et nous aspirons à un bon environnement.

Toutefois, ce sont bien les moments de nos prières qui nous offrent l’occasion d’être véritablement seuls avec notre Créateur. En effet, lorsque nous prions avec une confiance et une foi intègres, nous nous construisons une vie intérieure tout à fait digne d’un Juif, dont la substance est avant tout fondée sur l’intimité profonde de notre relation avec Hachem. Or, ceci implique évidemment une certaine solitude… Car nous allons en quelque sorte dans Ses voies. Bien sûr, nous sommes incapables d’être uniques, mais nous pouvons noblement nous inspirer de Son Unicité en construisant notre monde intérieur et en y découvrant alors les immenses trésors des bonnes middot dont nous avons été bénis.

Selon le rav Naftali Tsvi Yehouda Berline, le Netziv zatsal, dans son fameux commentaire intitulé « Haamek Davar », il faut comprendre les mots « Tu marcheras dans Ses voies » non comme un commandement, mais plutôt comme une bénédiction, une promesse. Il est vrai que pratiquer simultanément les commandements

relevant de nos relations avec l’Éternel et ceux qui concernent nos relations avec nos semblables, s’avère en fait fort difficile. Par exemple, en réfléchissant à ce que nous devons faire pour aider un malheureux, nous sommes à même d’oublier notre amour et notre crainte de Hachem. Car nous ne sommes pas toujours en mesure de garder en tête et dans le même temps de multiples pensées qui s’avèrent souvent contradictoires pour nous…

Mais Hachem nous promet « Tu marcheras dans Ses voies » en ce sens qu’Il bénira et étendra nos capacités spirituelles au point que notre esprit pourra effectivement contenir nos bonnes middot, tant envers D.ieu qu’envers nos semblables. Si les bénédictions matérielles sont certes importantes, les richesses que nous apportent les bénédictions spirituelles et morales sont beaucoup plus consistantes. Accordons-leur donc la place qui leur revient dans notre vie quotidienne, dans l’intimité de notre vie intérieure, et voyons là un moyen de prier pour une nouvelle année qui soit véritablement bonne, de notre point de vue évidemment, mais aussi de celui de Hachem…

C’est pour cela qu’il importe tellement que notre vie soit fondée sur des « middot tovot », ces qualités humaines dont Hachem nous donne Lui-même l’exemple par Sa bonté infinie. C’est bel et bien là ce qui s’appelle « marcher dans les voies divines ».

Rav Hayim Yaacov Schlammé
Avec l’accord exceptionnel d’Hamodia-Edition Française