Le parlement polonais vient de voter vendredi en faveur d’un projet de loi interdisant d’accuser la Pologne d’avoir eu une part de responsabilité dans les actes meurtriers perpétrés par les Nazis dans le pays pendant la Shoah.

Cet amendement, approuvé par la Diète de la République de Pologne (Chambre basse), prévoit une peine allant jusqu’à trois ans de prison contre toute personne qui utiliserait des termes impliquant la Pologne dans les crimes de guerre commis sur son sol pendant la Tourmente. Pour être appliquée, la loi doit encore être entérinée par le Sénat (Chambre haute) et par le président de l’Etat polonais.

En Israël, on est scandalisé par cette nouvelle législation niant la responsabilité de la Pologne. La loi a suscité des réactions indignées et entrainé la convocation de l’ambassadeur-adjoint au ministère des Affaires étrangères pour des éclaircissements.

Le Premier ministre israélien Binyamin Netanyahou a déclaré qu’il s’agissait ‘d’une loi sans fondement à laquelle il s’opposait avec vigueur’. Il a ajouté : « Il est impossible de changer l’histoire et on ne peut pas nier la Shoah ». Il a encore précisé : « J’ai chargé l’ambassadeur d’Israël en Pologne de rencontrer le Premier ministre polonais ce soir pour lui exprimer ma position ferme contre cette Loi ».

Le président de l’Etat Ruby Rivlin a lui aussi dénoncé la loi polonaise : il a pour cela cité les propos de l’ancien président de Pologne, Aleksander Kwasniewski qui avait dit lors d’une visite officielle en Israël en l’an 2000, depuis la tribune de la Knesset : « On ne doit pas falsifier l’histoire, on ne doit pas cacher la vérité. Tout crime, toute faute doivent être nommés et fustigés, et leurs circonstances examinées et dévoilées ».

Le ministre israélien de l’Education Naftali Benett a déclaré quant à lui qu’il s’agissait d’un ‘mépris honteux de la vérité’, soulignant que ‘c’était un fait historique que beaucoup de Polonais avaient contribué à l’assassinat de Juifs durant la Shoah et après la Shoah’.

Le député Yaïr Lapid, leader du parti Yesh Atid, dont le père était un rescapé, a lui aussi tenu à réagir. Sur son compte Twitter, il a écrit en hébreu et en anglais ‘qu’aucune loi polonaise ne changerait l’histoire’ et que ‘la Pologne avait été complice de la Shoah’. Il a ajouté : « Des centaines de milliers de Juifs ont été assassinés sur son sol sans rencontrer le moindre officier allemand ».

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, répondant à ces critiques, a précisé dans la nuit, en anglais sur son compte Twitter: « Auschwitz est la pire des leçons nous montrant comment des idéologies maléfiques peuvent conduire à l’enfer sur terre. Les Juifs, les Polonais et toutes les victimes doivent être les gardiens de la mémoire de tous ceux qui ont été assassinés par les Allemands nazis ». Mais il a ajouté : « Auschwitz-Birkenau n’est pas un nom polonais. Et ‘Arbeit Macht Frei’ n’est pas non plus une expression polonaise ».