Nous savons que les lumières de ‘Hanouka symbolisent l’éclat de la Sagesse divine, face à l’assimilation ténébreuse de la culture hellénique. Dans ce texte, inspiré des écrits de rav Its’hak Hutner zatsal, un aspect remarquable de cet éclat est précisément… mis en lumière.

Après l’allumage de la ‘Hanoukia, nous prononçons une formule dans laquelle apparaissent les mots suivants : « Ces bougies sont sacrées, nous n’avons pas le droit d’en profiter mais seulement de les voir ».

A cet endroit, nous exprimons deux obligations envers ces bougies : premièrement, nous n’avons pas le droit d’en profiter, car comme pour tout objet sanctifié au service d’une mitsva, on ne peut en galvauder l’usage sous peine de les profaner. Par ailleurs, nous apprend cette formule, notre rapport à ces bougies nous autorise à « les voir ». Or cette précision manque visiblement de clarté : ce qui nous autorise à « voir » les lumières de la ‘Hanoukia est simplement le fait que le regard n’est pas considéré comme un forme de profit. Par conséquent, pourquoi la sanctification de cette lumière autorise-t-elle – ou impose-t-elle – précisément de les voir ?

Sciences physique et métaphysique

Cette réalité marque la différence d’approche entre le monde des sciences physiques, basées sur l’observation et l’expérimentation, et la Science de la Torah, dont la vérité n’est pas observable au quotidien. Si les premières s’efforcent de comprendre et de découvrir le monde environ, la seconde a pour vocation la création – au sens strict du terme – d’une réalité nouvelle et encore impalpable. Contrairement à l’idée reçue, il s’avère que la science se voue à la compréhension d’une réalité figée, alors que la Torah, pour spéculative qu’elle soit, déborde dans l’élaboration d’une vérité nouvelle et en mouvement permanent.

Voir la lumière

La lumière peut être vue et perçue de deux manières différentes : on peut soit percevoir au travers des choses sur lesquelles elle se reflète, ou encore tenter de la percevoir en propre, « palper » sa substance du regard. Dans la situation actuelle des choses, nos sens ne nous permettent de percevoir la lumière que par effet de « miroir » : on observe son reflet sur les objets et parvient ainsi à la distinguer. Ce phénomène correspond à l’exacte situation dans laquelle nous vivons actuellement : nous ne connaissons qu’un monde statique, où la Lumière – la Science absolue qui prédomine à l’existence toute entière – n’est visible qu’à travers le prisme de la réalité présente.

Les lumières de ‘Hanouka, comme nous le savons, incarnent la supériorité de la Torah sur la sagesse de la civilisation grecque. Ces lumières brillent de l’éclat d’une vérité en cours de création, qui s’échafaude et prend corps avec l’accomplissement des mitsvot. Ces lumières, « nous ne pouvons en profiter » – ce serait les galvauder que de profiter de leur simple reflet. Au contraire, nous « devons les voir » – c’est-à-dire admirer leur éclat à l’état pur, jouir de cette luminosité qui transcende la trivialité de ce bas monde et laisse entrevoir la réalité d’une Vérité absolue. Par Yonathan Bendenounne en partenariat avec Hamodia