Même s’il est incapable de parler, le nouveau-né sait exprimer ses besoins. Dès qu’il pousse son premier cri, et chaque fois qu’il fait entendre sa voix par la suite, il nous dit : « Je veux ! » ou « Je ne veux pas ! »

De toute évidence, ce qu’il veut, et qu’il réclame en criant, c’est ce qui lui procure un plaisir immédiat. Ce qu’il ne veut pas, c’est ce qu’il juge désagréable et il manifeste sa désapprobation par des cris. Avec le temps, il exprimera sa volonté avec de plus en plus de force et d’intensité. Les parents, jugeant que s’il réclame une chose, c’est qu’il en a besoin, s’efforcent de le choyer et de lui accorder ce qu’il exige. Ils ne se rendent pas compte qu’en agissant ainsi, ils en font peu à peu un tyran persuadé que c’est lui qui gouverne et qu’il doit toujours obtenir satisfaction.

Souvent des parents qui, a priori, n’avaient pas l’intention de céder à tous les caprices de l’enfant finissent, pour une raison ou une autre, par s’avouer vaincus. Parfois, c’est leur désir de combler leur enfant qui les fait capituler. D’autres fois, ils cèdent parce qu’ils ont du mal à supporter ses cris et ses pleurs et cherchent à « contourner » ses colères. Souvent aussi, les parents ont simplement besoin de dormir tranquillement…

Quoi qu’il en soit, ces parents habituent l’enfant à penser qu’il n’a qu’à réclamer une chose pour la recevoir, et qu’il peut imposer sa volonté à tous ! Seuls ses besoins comptent et tous doivent impérativement les satisfaire.

Et voilà que, lorsque l’enfant a cinq ou six ans, ses parents changent radicalement d’attitude ! Ce sont eux qui, tout d’un coup, ont des exigences et veulent l’éduquer ! Après lui avoir permis quand ils ne l’y ont pas directement encouragé de se conduire en dictateur depuis qu’il a vu le jour, sans jamais essayer de lui imposer la moindre restriction, ils tentent à présent de lui imposer leur volonté.

Pendant cinq longues années, ses proches n’ont cessé de se mettre en quatre pour le satisfaire et combler ses désirs, parfois au prix de gros efforts. Et soudain, on lui donne des ordres ?… L’acceptera-t-il facilement ? Habitué qu’il est à ne penser qu’à lui-même, comment pourra-t-il comprendre ce que signifie « obéir » ?

Durant toutes ces années, ses parents ont inconsciemment cultivé son égoïsme et son entêtement. Ils se sont pliés à tous ses caprices et se sont montrés dans toute leur faiblesse. Et ils voudraient, à présent, lui imposer leur volonté ?

Il ne faut donc pas s’étonner que les graines de la rébellion semées involontairement par les parents, donnent des fruits gâtés. Lorsqu’ils essayent finalement d’éduquer leur enfant, ils se découragent rapidement et renoncent, ou bien ils épuisent toutes leurs forces en luttes continuelles, sans se faire de grandes illusions. Ils attribuent alors leur échec à la nature difficile de l’enfant mais, en réalité, ils ont eux-mêmes créé cette situation en cédant systématiquement à ses caprices et en négligeant de prévoir le futur !

En bref, les parents doivent profiter des premières années de la vie de l’enfant pour poser les bases du ‘hinoukh. Et ils doivent, par-dessus tout, éviter de commettre des erreurs qu’il leur sera ensuite très difficile, voire impossible, de corriger.

Quelques règles de base

Les quelques idées de base qui suivent aideront à poser, dès la première enfance, les jalons d’une formation saine et positive, apte à rendre les différents stades de l’éducation infiniment plus faciles.

D’une part, nous devons viser à habituer l’enfant à une certaine forme de « discipline » dès la première année de sa vie. Comment ? En évitant soigneusement, lorsqu’on lui a refusé une chose qu’on jugeait inopportune ou néfaste pour lui, de le laisser l’obtenir par la force de l’entêtement.

Il faudra donc être prêt à entendre et à supporter ses cris et ses pleurs avec une humeur égale, et à ne pas céder. « Donner », qui doit être un acte d’amour, ne consiste pas à céder pour « avoir la paix » et pour ménager sa propre tranquillité.

D’autre part, on veillera à ne jamais interdire inutilement quelque chose ou à contraindre l’enfant à une certaine conduite si ce n’est pas indispensable. Le « non ! » sera réservé à des situations qui l’exigent vraiment. Les ordres, de même, devront répondre à des valeurs réelles.

Tiré du livre « Etre Parent et Reussir » du Rav Buchner  à partir des enseignements du Rav S.R Hirsh sur l’éducation. Disponible dans toutes les librairies juives.