Dis aux prêtres… (21, 1)

Pourquoi cette section qui a trait aux lois sacerdotales fait-elle directement suite à l’interdiction de consulter un évocateur (ov) ou un faiseur de sortilèges (yid‘oni) – formulée dans le dernier verset de la paracha précédente ?
Selon l’explication du Ba‘al ha-Tourim, certains pourraient se demander : Comment sonder l’avenir, s’il nous est interdit de recourir à ces nécromanciers et devins ? Voilà pourquoi la Tora a fait suivre cette prohibition de : « dis aux kohanim… » et des nombreuses lois s’appliquant à leur service, afin de nous montrer qu’il existe une autre manière – pure et sainte – de découvrir le futur : les ourim et toumim (l’« oracle » du pectoral), par lequel le grand prêtre consultait Hachem.

Pourquoi ce chapitre sur le processus de purification des kohanim fait-il suite à l’interdiction de la nécromancie et de la divination ? demande également Rabbi Yehonathan Eybeschuetz. Il était alors habituel, dans les nations, de sonder l’avenir en consultant les prêtres qui livraient leurs réponses obtenues par leurs pratiques spirites ou divinatoires.
Or, à la fin de la section précédente (20, 26), il nous a été dit : « Je vous séparerai des peuples pour être à Moi… » Israël dispose d’un kohen gadol qui, pour connaître l’avenir, consulte Hachem au moyen des ourim et toumim constitués du Nom divin écrit en toutes lettres qu’il porte dans les replis du pectoral (cf. Chemoth 28, 30 ; Rachi ad loc.).
Certains esprits légers risquent toutefois de suspecter le grand prêtre de se livrer aux mêmes pratiques que les idolâtres et d’obtenir ses renseignements par la consultation des morts. C’est pourquoi la Tora enjoint aux kohanim d’éviter tout contact avec les morts afin de ne pas se rendre impurs, et leur dicte à cet effet de nombreuses lois liées à leur purification. Il ne faisait alors aucun doute que l’oracle recueilli par le kohen gadol au moyen des ourim et toumim était véritablement un don de Hachem…

Dis aux prêtres […] tu leur diras… (21, 1)

Cette redondance, explique Rachi en citant le Talmud, signifie que les kohanim adultes doivent également veiller à ce que l’interdiction de se rendre impur au contact d’un mort ne soit pas enfreinte par leurs enfants, et les mettre en garde.
Cette interprétation est très étonnante, note Rav Moché Feinstein, car par l’injonction « tu leur diras », Moché n’était pas censé transmettre ces lois de pureté seulement aux enfants kohanim, mais également aux adultes !
Et ce Maître d’expliquer : Un père qui aspire réellement à éduquer son enfant ne se contente pas de le mettre en garde pour qu’il accomplisse les mitswoth de la Tora. Même si son fils l’écoute raconter de quelle manière il les observe et combien d’épreuves il a traversées pour les accomplir, cela demeure insuffisant à le convaincre de suivre cette voie. En effet, il peut se dire qu’il n’est pas aussi fort que son père, qu’il est incapable de maîtriser son penchant et de vaincre de telles difficultés, et en arriver ainsi à rejeter les mitswoth en se croyant dégagé de leur obligation.
Comment éduque-t-on réellement son enfant aux mitswoth ? Quand on le forme et on l’incite à les aimer, à lui faire sentir qu’elles sont sa vie même, son gage de bonheur et de longévité. C’est en l’imprégnant de cet attachement aux commandements de Hachem qu’il pourra les observer aisément.
Voilà pourquoi il y a lieu de « dire » à deux reprises aux kohanim les injonctions qui les concernent : la première fois pour les informer de leurs obligations, et la deuxième pour les leur rendre agréables et aimables, et les former ainsi à leur mise en pratique.

Abarbanel explique différemment cette redondance : « dis » et « tu leur diras ». Celui qui perd un proche parent, explique ce Maître, éprouve naturellement de grandes difficultés à affronter cette séparation. C’est pourquoi la Tora met en garde les kohanim à plusieurs reprises pour qu’ils ne se rendent pas impurs au contact du défunt.