Quelques semaines après l’annonce officielle d’élections anticipées en Israël, fixées au 9 avril prochain, le pays est déjà en effervescence et les alliances politiques se font et se défont alors que les sondages donnent déjà leurs premiers pronostics.

Les partis religieux connaissent eux aussi cette tension et certains de leurs membres cherchent, comme toujours, les meilleurs moyens d’augmenter leurs chances concernant leur représentation à la Knesset.

Il serait bon, à cette occasion, de connaître en profondeur leur histoire et pour commencer, nous allons nous intéresser au parti orthodoxe séfarade Shass, fondé en 1982.

Avec son nom officiel, ‘l’Union mondiale des Séfaradim observant la Tora’, il a présenté sa première liste lors des élections nationales de 1984 pour la 11e Knesset. Mais lorsque Shass a vu le jour, il n’avait au départ que des ambitions municipales avec, bien entendu, la volonté de se présenter plus tard en tant que liste indépendante.

C’est donc en 1982 que Shass a fait son apparition en prévision des élections pour la mairie de Jérusalem, prévues en octobre 1983. Les fondateurs de Shass étaient alors des habitants juifs orthodoxes séfarades de la capitale, âgés d’une trentaine d’années, conduits par Yaakov Cohen, Nissim Zeev et Shlomo Dayan.

Déçus par la section ‘orientale’ de l’Agoudat Israël’, ils ont décidé de créer une formation politique s’adressant non seulement au public orthodoxe séfarade mais également aux Israéliens originaires des pays du Moyen-Orient qui n’étaient pas forcément pratiquants.

Après son succès au niveau municipal, Shass a décidé de présenter une liste nationale pour la 11e Knesset avec à sa tête le Rav Itshak Peretz. A l’approche des élections législatives de 1984, le parti a pris de l’ampleur et a créé le Conseil des Sages de la Tora dirigé par le Rav Ovadia Yossef zts’l ; sous le patronage et les encouragements du Rav Shah’ zts’l, leader du courant orthodoxe lituanien.

Shass a alors créé la surprise en obtenant quatre mandats. Le Rav Peretz, leader du mouvement, a obtenu le poste de ministre de l’Intérieur dans le gouvernement d’union nationale  d’Itshak Shamir et de Shimon Peres puis celui de ministre de l’Intégration du gouvernement Shamir. Suite à une crise interne, le Rav Peretz s’est retiré en 1990 et a fondé sa propre formation. C’est à ce moment-là qu’Arieh Dery, proche du Rav Ovadia Yossef, lui a succédé à la tête du parti. Après les élections de 1992, Shass s’est associé à la gauche en rejoignant le gouvernement de Itshak Rabin. Mais à la suite de la signature des accords d’Oslo, Shass a quitté la coalition en septembre 1993.

Lors des élections de 1996, Shass a été crédité de 10 sièges et en 1999, le parti a connu un succès étonnant en obtenant 17 mandats. Mais Arieh Dery a été écarté du pouvoir suite à sa condamnation par la justice et son entrée en prison pour deux ans. Six autres membres du parti ont également été condamnés. Il a alors été remplacé par Eli Ishaï à la direction de la formation politique.

Aux élections de 2003, Shass a reçu 11 mandats mais il est resté, pour la première fois de sa courte histoire, en dehors de la coalition. En 2006, il est légèrement remonté avec 12 sièges et a rejoint le gouvernement Olmert.

En 2010, Shass est devenu membre de l’Organisation sioniste mondiale et s’est associé pour un temps au Likoud. En 2012, le Conseil des Sages de la Tora a décidé que le poste de président serait annulé jusqu’après les élections pour la 19e Knesset et qu’Arieh Dery l’assumerait par la suite avec Eli Ishaï et Ariel Attias. Sur la liste du parti pour les élections, Ishaï figurait à la première place et était suivi d’Arieh Dery et d’Ariel Attias.

Mais le 2 mai 2013, trois mois après le scrutin, Arieh Dery a retrouvé sa place de leader à la tête de Shass. Quelques mois plus tard, en octobre 2013, le Rav Ovadia Yossef, guide spirituel de la formation, est décédé, provoquant de grands remous au sein des électeurs de Shass. C’est le Rav Shalom Cohen qui a assumé sa succession.

Suite à de nombreuses frictions internes et des tensions avec Arieh Dery, Eli Ishaï a quitté officiellement le parti en décembre 2014 et a fondé sa propre formation, Yah’ad, avec le soutien du Rav Meir Mazouz.

Lors des élections pour la 20e Knesset, en 2015, Shass s’est affaibli et n’a obtenu que 7 mandats, perdant beaucoup de la force qu’il avait acquise depuis 1992.

A l’heure actuelle, les avis sont partagés quant à ses chances de succès lors du prochain scrutin. Il est encore trop tôt pour se prononcer …